Echange avec la Palestine Climbing Association

 Le projet d'échange avec PCA par le collectif de la FSGT Île de France a vu sa première phase se réaliser avec la venue d'une forte délégation palestinienne en France du 19 avril au 10 mai. Ci-dessous le carnet de bord rédigé par Catherine relatant la première semaine de ce séjour.

 

Ceci est un journal de bord. Bien sûr imparfait , il tentera de partager cette merveilleuse rencontre entre quelques grimpeuses et grimpeurs de Palestine, et celles et ceux qui, en France, ont construit ce projet un peu fou ; Pas un instant de regret... Cela paraissait impossible, on l'a quand même fait, et c'est formidable.

Jour 1 : samedi19 avril 2025

Premier jour de notre rencontre tant attendue avec nos invités Palestiniens et Palestiniennes.

Ils sont arrivés fatigués mais heureux que ce voyage se concrétise enfin . Après un copieux petit déjeuner, toutes et tous sont partis se reposer dans les maisons accueillantes.

Il y avait de quoi être épuisé !

Pouvons nous imaginer que les Palestiniens doivent prévoir deux ou trois jours d'avance dans leurs déplacements ? Ils ne savent jamais combien d'heures ils seront retenus à chacun des 800 checkpoints, susceptibles de retenir les voyageurs, dans le mépris le plus total de leurs projets, de leur vie ,

Quand, deux jours plus tôt, Hiba a annoncé qu'ils étaient tous passés en Jordanie, Pascal et moi nous avons pleuré de soulagement !

Après ce temps perdu et le voyage de nuit, nos invités ont découvert les joies du RER !

Une panne sur la ligne Roissy Paris a conduit à prendre un bus, puis un autre sur la ligne C à cause des travaux en cours le weekend … Enfin ils arrivent à Ste Geneviève des Bois en Essonne pour un copieux petit déjeuner, nous les emmenons dans les maisons des amis qui leur offrent une chambre.

Nous nous retrouvons à 16 h .

 

Après la grosse réunion de présentation du stage sur la terrasse de notre maison, une petite séance d'escalade sur le pan du sous-sol m'a donné le temps de préparer le repas du soir, avec l'aide de deux copines .

 

Laure et Fanfan, avec leurs dix années de plus que moi, font partie des fondatrices de notre club d'escalade de Ste Geneviève des Bois. Moi, ça m'a émue de partager ce moment avec ces deux amies, le lien est fait entre ce club FSGT de 60 ans, et la venue de ce jeune club Palestinien invité par cette même FSGT( Fédération Sportive et Gymnique du Travail)

Je ne peux m'empêcher de penser que notre passage, tout jeunes, par la FSGT, n'est pas pour rien dans nos divers engagements militants de ces dernières décennies , qui se concrétisent ici avec nos douze invité-es pour cette formation.

Dix invités sont donc présents à Ste Geneviève, (Muntaser et Zeina sont arrivés à Grenoble, où Hani, un Palestinien accompagnateur en montagne dans le Vercors, est allé les chercher !)  Pour nous attendre, ils sont hébergés par Nathalie, la sœur de Pascal qui habite Allex, village de la drôme où le stage commencera.

C'est un repas animé qui nous réunit autour de la table. 

 

Des Palesiniens, des Français, un Américain, Tim, l'acteur du film Resistance climbing, Aymen , qui est Tunisien mais vit et grimpe à Paris. Il parle couramment Français, Anglais et Arabe, il joue un rôle indispensable d'interprète, Hanbi, Coréenne qui elle aussi vit en France, et qui a fait un travail considérable dans la préparation du projet, Farzana, la jeune réfugiée Afghane que nous hébergeons depuis 3 ans ...

Réjouissant melting-pot !!!

Dimanche 20 avril, jour 2 de notre aventure.

Nous nous retrouvons encore autour de la table à Ste Geneviève, pour un petit déjeuner avant le départ.

Les deux véhicules chargés à rabord démarrent, , le nôtre conduit par Tim et Pascal, et le 9 places en location, conduit par Aymen.

Je les suivrai avec ma voiture, quand j'aurai rangé la maison avec Farzana.

Bon voyage jusqu'au village d'Allex à l'entrée de la vallée de la Drôme.

Pascal nous racontera que pendant le voyage, les 3 grimpeurs bédouins étaient sidérés par la quantité d'eau présente sur le trajet, surtout le Rhône ! Et toute cette verdure !

 

Accueil au sanctuaire St Joseph

Découverte de la Drôme... et du mistral!

L'hébergement dans le sanctuaire St Joseph est enthousiasmant, c'est beau et l'accueil est très sympa, bienveillant. Le village d'Allex est charmant, je découvrirai plus tard que les plus curieux et curieuses sont sorti-es à l'aube le lendemain matin pour le visiter !

Allex en peinture

 

Après le repas du soir, la réunion de présentation de la journée d'escalade du lendemain est surtout orientée sur la sécurité. Pascal insiste longuement sur ce point si majeur de notre stage.

Manoeuvre de maillon

 

Les paupières s'abaissent, , ouf, à 22h30 il est temps d'aller au lit.

Jour 3

Après le petit déjeuner et la répartition du matériel , il faut acheter de quoi manger à la falaise, au supermarché. C'est long, très long... Nous, on a l'habitude d'un tout petit casse-croûte au pied des falaises. Neil , formateur de guides à l'ENSA et qui a beaucoup l'habitude de grimper en Palestine, nous explique qu'ils et elles ont l'habitude de bien manger après l'escalade , tous ensemble.

Puis la journée d'escalade est formidable. Pour monter à la falaise de Pont de Barret ,on commence par longer une rivière tumultueuse. Que d'eau !

Nos 3 amis bédouins semblent ne jamais avoir croisé une rivière où l'eau coule en abondance comme ici, de l'eau propre, d'un joli vert émeraude. Ils cessent de marcher quelques instants pour contempler ce spectacle .

Tarek, Tawfiq, Tim et Saquer au bord du Roubion. A 30 minutes de marche raide, la falaise d'Eson.

 

La marche est raide, mais tellement joyeuse.

C'est une journée  exceptionnelle qui nous a été offerte aujourd'hui. Chacune et chacun a pu grimper dans le niveau qui convenait, du 4c au 7b, Pascal ayant l'oeil pour observer tout cela et préparer, déjà, avec Neil et Tim, la journée suivante. 

 

La très charismatique présidente de PCA, Hiba Shaheen, a l'air d'apprécier la grimpe drômoise.

En essayant de répondre aux souhaits de toutes et tous, il imagine qui va apprendre le rappel, sur une longueur assez courte, qui va enchaîner une voie de plusieurs longueurs avec des relais et une descente de plusieurs rappels.

L'extrême gentillesse de tous nos nouveaux amis fait chaud au cœur, qu'ils et elles soient des invités ou des participants à la réussite de cette semaine dans la Drôme.

Après la bonne journée de grimpe, la descente à pied sous la lumière du soir n'était qu'enchantement. Presque tous nos invité-es ont sauté dans le courant rafraîchissant. Bien sûr nous étions en retard pour le repas du soir à St Joseph.

Asia et Faetana s'extasient devant tout ce vert!

 

Et tous sont émerveillés par cette eau... Abou Shams sera le premier à tester, presque tous les autres suivront, pourtant elle était gelée!

 

Le soir à la réunion bilan, je crois bien que les paupières étaient encore plus lourdes que la veille !

Pascal présente les 3 groupes de travail pour le lendemain. Nous serons séparés sur 3 falaises différentes mais proches du splendide village de Saou. 

Avec Tim et Neil, on apprendra à faire installer un relais sommital et tirer un rappel auto assuré.

Apprentissage du relais sommital pour Asia, Faetana, Saquer.

 

Premier rappel pour Faetana

 

 

Premier relais également pour Tarek

Avec Ugo et Mika, les plus autonomes feront des voies de plusieurs longueurs. Ugo et Mika sont moniteurs à la salle d'escalade The Roof, on y reviendra. Pour nous ils sont bénévoles, un immense merci à eux.

Tawfiq et Aymen apprennent directement en GV avec un pro.

 

Saoû: un labo pour s'exercer en GV, mais toujours avec un peu de 6a.

Le premier rappel de Aymen est pour le moins...aérien!

Avec Cath et Pascal, on apprendra le relais et une voie de trois longueurs avec rappels.

Jour 4

On revient sur le programme du jour. Les cordes de rappel sont distribuées, le matériel d'assurage, offert par Petzl, aussi.

On organise les voitures.

Les véhicules sont arrivés sur les différents parkings de Saou. Dommage d'avoir traversé ce magnifique village aussi vite. Nasser aurait bien aimé s'arrêter pour boire un capuccino sur la jolie terrasse du café. C'est une addiction pour lui, dit-il! Je n'arrête pas la voiture, mais j'aurais bien aimé aussi...

Ce matin je grimpe avec Zeina D. et Nasser, on vérifie l'apprentissage des relais et rappels. C'est très cool. On ne multiplie pas les difficultés, on grimpe dans le niveau 5. À côté Pascal est parti pour une voie de 3 longueurs avec Zeina A. et Muntaser.

Relais suspendu, rappel coincé, j'apprendrai à leur retour qu'ils ont bien découvert les problèmes qui peuvent se poser.

En début d'après midi, Hanbi nous retrouve, elle avait passé deux jours à Briançon pour préparer la semaine suivante. Elle part avec mes deux compagnons de cordée dans une voie de plusieurs longueurs.

Je saurai ce soir comment s'est passée cette journée pour les autres groupes.

En tout cas le temps est encore splendide. Rien à voir avec l'affreuse météo qui était prévue la semaine dernière et nous avait tant angoissés.

 Ce fut une bonne journée d'apprentissage à la sécurité. Relais et rappels ont été mis en place, et il y a eu quelques expériences intéressantes. ... Hé hé 

Pour la première fois de sa carrière, Pascal, avec Muntaser et Zeina, a vu le noeud de sa corde de rappel se coincer, ouf elle a fini par se décrocher. Puis Muntaser et Zeina ont fait une voie en autonomie. Zeina, en tête, a décroché un bloc et s'est écorchée en tombant. Bon, elle dit en riant que c'est habituel pour elle. Ah, pour cela je la rassure,  elle commence sa carrière comme la mienne ! Je lui souhaite donc aussi longue. Malgré sa chute, Zeina a fini sa voie, elle peut être satisfaite de sa persévérance.

Une autre cordée a galéré longtemps pour finir ses rappels à cause d'un noeud oublié au bout de 

la corde. C'est l'occasion de dire ce soir au débriefing en quelles très rares occasions il peut être nécessaire de nouer les brins de corde du rappel .

Les discussions sont animées, en 3  langues, les interprètes, Aymen, Hani mais aussi Tim, parfois Neil, sont terriblement efficaces.

Pour les autres cordées, tout était parfait, et nous pouvons aller nous reposer, il est presque 23h!

Jour 5.

Pascal présente ce matin le programme élaboré avec Tim et Neil pour cette journée.

Chaque jour, ils essaient d'adapter les apprentissages à partir des réussites ou difficultés observées.

Tim et Taoufik se lancent dans une voie de 9 longueurs, finie juste avant la pluie prévue pour 15h. Rapidement avalée, c'est seulement la deuxième GV de Tawfiq, qui prouve ainsi ses remarquables capacités cognitives (je doute qu'il ait un jour fréquenté l'école, son école, ce fut la grimpe!)

Tawfiq: de berger bédouin à pro de la grimpe!

 

D'autres vont faire des voies de quelques longueurs.

Retrouvailles après cette nouvelle journée merveilleuse. La pluie qui nous avait épargnés jusqu'à aujourd'hui nous invite à finir vite nos longueurs et rappels... pour nous retrouver nombreux au bar de L'oiseau sur la branche à Saou.

 

Ce soir encore, le cuisinier de st Joseph a régalé tout le groupe. C'était décidément une bonne idée de venir dans la Drôme pour cette première semaine.

Débriefing de ce jour 5

Tim est super content de la grande voie avec Taoufik !

Tarek expose ses émotions d'aujourd'hui avec satisfaction, il a tout fait en tête, Sakher l'a suivi. Pas de soucis.

Ugo, pour son groupe, a raconté à Pascal avant de rentrer chez lui tout à l'heure. Ça déroulait super pour l'escalade. Good climbers. Il s'est dépêché d'installer lui-même les rappels à cause de la pluie qui commençait, alors il ne peut garantir encore l'autonomie totale de la cordée qu'il accompagnait.

Neil rappelle, sans jeu de mots, que nous devons exagérer la vigilance pour les rappels. Oui confirme Pascal, c'est source de nombreux accidents. On y reviendra, sans doute à Briançon aussi.

De leur côté, Abou Chams et Muntaser pensent avoir franchi un grand pas vers l'autonomie en quelques jours. Aymen et Hanbi confirment avec prudence, comme le souligne Pascal, l'autonomie attendue, dans un premier temps c'est être capable de refaire le même type de voie. Si l'on veut progresser, il faut donner une difficulté supplémentaire sur un seul paramètre, en abaissant la difficulté sur les autres.

Dans la voie que je partageais avec Nasser et Zeina, une difficulté dûe à l'équipement de la voie a posé un problème à Zeina. Le dernier relais était installé deux mètres sous le sommet, prévu donc pour une descente en rappel. Rejoindre le chemin de descente situé derrière le sommet de la voie était une situation déconcertante pour Zeina.

Zaina D: le bonheur de grimper en paix!

 

Quant à la cordée de Pascal, Asia et Hiba, tout s'est bien passé.

Thaher et Yzel  se sont régalés en voies courtes, comme attendu. Merci à Yzel, militante FSGT, de nous avoir rejoints depuis Grenoble.

La Graville, une falaise "à l'aise", parfaitement adaptée pour Thaer.

 

Il est 22h15, nous allons dormir.

Jour 6

On a deux activités différentes aujourd'hui. Taoufik et Tim sont partis au mur des étoiles .

On apprendra le soir qu'ils ont réussi tous les deux un 7b et un 7c+ au deuxième essai ! Waouh.

7b+ au mur des Etoiles, yeah!

 Nasser et Zeina sont partis pour grimper une grande voie à Saou, 4 longueurs en autonomie. Malheureusement, Nasser, pas vraiment en vacances, a dû travailler à distance pendant une heure au relais ! Sa cordée n'a pas pu finir la voie.

Abou Chams est parti avec Neil pour enchaîner la même grande voie que Tim et Tawfik hier.

Nous sommes avec tout le reste du groupe sur les Trois Becs. Bon, c'est un sacré Mistral qui nous accompagne aujourd'hui. C'est glacial, heureusement que nous avions conseillé de prendre des doudounes et bonnets.Du coup on fait deux groupes , ceux qui marchent vite et font l'aller et retour,   notre groupe prend le temps pour viser le premier sommet seulement.

 

 

 

C'est difficile pour Asia, sa douleur ancienne au genou s'est réveillée, elle prend des bâtons pour la descente, garde le sourire, comme tous ceux qui sont ici. La capacité de chacune, chacun, à mettre les soucis et souffrances de côté est admirable.

La soirée à Bourg de Péage est une réussite totale. Accueil formidable par l'équipe de The Roof qui nous offre un repas délicieux.

The Roof, c'est une splendide salle d'escalade à Bourg de Péage près de Romans. Une salle privée qui fonctionne en Scop, gérée par des jeunes gens dynamiques, porteurs de valeurs que nous partageons. 

RV avait été pris deux mois plus tôt pour une projection débat du film Resistance Climbing, en présence des acteurs et en échange des propositions généreuses qu'ils nous ont faites pour pousser le projet. La salle d'escalade est comble devant le grand écran

Un public enthousiaste et solidaire, dépassant nos espérances, a longuement applaudi, debout, Hiba, Tim et Tawfik à l'issue de la projection. Tim a dédicacé une douzaine de topos de Palestine qu'il avait pu glisser dans ses bagages.

 

Le débat qui suit montre l'empathie provoquée par ce film extraordinaire. Après avoir vu plusieurs fois « Résistance Climbing », j'ai encore les larmes aux yeux. La colère contre la colonisation intolérable, la tristesse pour tout le peuple palestinien, l'émotion qui nous envahit tellement les acteurs de ce film dévoilent leur résilience.

 

Après une semaine partagée avec les acteurs du documentaire et tous les invité-es, je sais que ce n'était pas du "cinéma". Ces gens sont vrais.

Les questions posées par le public permettent un débat passionnant.

Jour 7

Dernier jour sur une falaise de la Drôme.

On définit les cordées, grandes et petites voies sont au programme.

Un long moment est consacré à la sécurité dans l'installation des échappatoires en cas d'échec dans une voie. On rappelle qu'il faut partir avec au moins un prussik et un mousqueton à abandonner en cas de retour.

Répartition du matériel, comme chaque matin et hop.

On pourrait penser qu'aujourd'hui la journée va vite démarrer. C'est sans compter les arrêts pâtisserie, café.... Comment résister à la pause dans un joli village de ce magnifique département ?

Bon, il faut bien avouer que si, pour nous, les arrêts dans de jolis villages sont fréquents, c'est trop tentant pour nos passagers !

Au programme aujourd'hui , trois cordées dans des voies de plusieurs longueurs à Omblèze.

Les autres montent avec eux au pied de cette superbe falaise qui propose également plus de 300 voies sportives. Les petites voies s'enchaînent, tranquillement.

 

Aujourd'hui c'est Aymen qui tient la caméra de Hanbi, occupée par une interview de Hiba . Lauréline, amie, grimpeuse et preneuse de son est venue de Marseille.

 

Au pied de la falaise, Jean-Marc réalise une interview de Faetana et Asia. Aymen, assis entre elles, entreprend la traduction. 

 

Les questions bien choisies permettent un tour d'horizon des émotions qui traversent nos deux amies.

Chacune a découvert l'escalade en Palestine grâce à un ami. 

Allier passion du sport et de la nature pour Faetana, bouteille d'oxygène pour Asia, toutes les deux sont dans la recherche d'un moment où l'on pourrait oublier les colons qui se postent en haut des falaises, pourtant en territoire palestinien, jetant des cochonneries ou des pierres sur les grimpeurs, menaçant violemment...

Ici ça va bien plus loin, on n'a jamais besoin de tourner la tête pour voir si la voiture d'agresseurs n'est pas en train de s'approcher . On est totalement dans notre loisir.

Est ce qu'on a peur de rentrer dans notre pays après ce merveilleux voyage ? Non, on a toujours vécu dans cette oppression, qui s'est bien sûr considérablement accrue, on avait plutôt peur de partir, des fois qu'on ne puisse rentrer.

On a appris plein de techniques, on voudrait les transmettre en rentrant. Pour Asia qui habite à Jérusalem, comment y développer l'escalade, pour rejoindre ce qui existe déjà à Ramallah.

 

Assez fier d'avoir escaladé la paroi d'Ansage

Jour 8 

Samedi 26 avril 2025

La balade au marché de Crest nous a offert un nouveau moment de bonheur. Nos ami-es ont acheté leur pique nique en produits locaux sur ce fameux marché. Attirés par le son d'un luth, les voilà happés par la ronde de danses folkloriques. Le musicien embraye sur son répertoire de danses orientales, Faetana nous entraîne à son tour pour un échange tourbillonnant très émouvant.

 

 

L'après midi, départ pour The Roof.

Nous y sommes invités, avec autant de gentillesse et ouverture d'esprit que pour la soirée de jeudi . Le projet d'une salle d'escalade est en discussion. Les associés de cette magnifique salle de Bourg de Péage expliquent à nos amis comment s'est développé le projet, quels en ont été les montages financiers . Quels sont les éléments qui pourraient faire avancer un projet dans une ville comme Ramallah, quel niveau de réalisation serait possible ?

Yves Renoux nous a rejoints à la salle. N'oublions pas que c'est lui qui nous a fait connaître le film Resistance climbing, à l'origine de cette idée folle de Pascal (et Catherine )qui a finalement abouti. Yves a aussi été un acteur majeur dans la construction du projet. Il a longtemps travaillé sur les projets de coopération de la FSGT en Palestine.

Réunion du soir.

Préparation du voyage demain vers Briançon. La route sera splendide. Penchez-vous sur le chaos du Claps, passez le Col de Cabre, tournez la tête sur la falaise de Céüse, spot international. Le lac de Serre-Ponçon, le fort de Montdauphin...Et puis les sommets des Hautes Alpes vous accueilleront vite.

Revenons à notre réunion. Pascal donne ici les derniers éléments des cours qu'il avait préparés, qui feront l'objet d'approfondissement , peut-être à Briançon.

En revanche, il revient sur la sécurité indispensable dans l'installation des relais. Comment on pose la sangle reliant les points d'ancrage du relais, ce qu'est la force de résistance. Et puisque nos stagiaires sont aussi des équipeurs de voies à venir, il faut démontrer par les lois physiques en quoi consiste un équipement efficace des relais.

Jour 9

Il est 9 h, on fait une dernière petite réunion à St Joseph. Pascal " confie" le groupe à Niel, à Tim et à Yves, non sans émotion .

Pascal propose enfin de faire un petit bilan individualisé sur les compétences de chacune et chacun, et surtout comment progresser.

Grimper en second permet de gagner en répertoire de gestes, pour gagner confiance en nos capacités à faire certains mouvements. On préférera grimper jusqu'à hauteur du point d'assurage plutôt que  mousquetonner à bout de bras.

On met en évidence les victoires sur l'appréhension, le mur étant le milieu favorable à ces progrès en milieu sécurisé.

Pascal a observé chacune, chacun, signale les progrès effectués. Et fait profiter tout le monde des conseils.

Il fait enfin un cours sur les moyens de développer les diverses aptitudes à progresser.

Plusieurs de nos stagiaires sont  déjà en capacité de jouer le rôle d'instructeurs pour la suite de leurs aventures, confirment Tim et Neil.

Tri du matériel, préparation au départ vers Briançon. 

Il est prévu que nos stagiaires apprennent, sur une falaise de Briançon, à s'assurer quand aucun point d'assurage n'a été placé par des équipeurs.

C'est ce qu'ils rencontreront s'ils peuvent aller grimper en Jordanie, dans le massif du Wadi Rum, rendu célèbre par le film Lawrence d' Arabie.

Pascal prête un grand sac du matériel que nous y avions utilisé lors de voyages là-bas. En terrain d'aventures non équipé de points d'ancrage scellés dans le rocher, on coince des blocs de métal pour retenir les chutes.... Devant l'air interrogateur d'Abou Chams qui prenait un minuscule coinceur d'à peine deux millimètres d'épaisseur entre ses doigts... Neil a expliqué d'un air docte :" Ça c'est la définition exacte de inch'Allah"  

L'heure est venue pour le départ, qu'ils et elles s'en mettent plein les yeux ! 

Pascal , comme il l'avait fait pour la Drôme et Briançon, a préparé des liens avec des documents et photos sur les paysages splendides de leur trajet.

Nos yeux à nous lâchent quelques larmes, nous avions décidé depuis longtemps de ne pas les accompagner à Briançon pour profiter cette semaine de nos petits enfants. Mais l'émotion est grande de ne plus participer à cette merveilleuse aventure avant de retrouver le groupe la semaine prochaine en région parisienne.

 

Fin de semaine en Drôme, avec une grosse envie d'y revenir!

En conclusion de cette première période de formation, on retiendra que nos stagiaires nous ont épatés, le mot est faible, par la capacité d'adaptation aux situations d'escalade variées, par la rapidité de leurs apprentissages, techniques ou d'entraînement. Les formateurs et formatrices sont unanimes.

Mais, surtout, comment décrire l'ambiance exceptionnelle qui nous a entouré-es pendant ces quelques jours qui compteront désormais comme une des plus belles semaines de notre vie ?Je me sens comme si c'était moi qui revenais d'un voyage insolite.