vendredi 1 juin 2012

Les calanques changent de statut


Le mercredi 18 avril 2012, après une douzaine d’années de travaux préparatoires, d’avancées et de reculs, le parc national des Calanques vient officiellement de naître, avec la signature du décret par le Premier ministre.
Le Parc national des Calanques est donc le dixième parc national français et le premier parc national périurbain. Aux portes mêmes de Marseille avec ses 800 000 habitants, il devrait concilier à la fois la protection de plus de 90 sites archéologiques, de nombreuses espèces protégées et/ou endémiques, animales et végétales, et d’importantes stations géologiques, certaines uniques en Europe ou au monde, avec le maintien réglementé d’usages traditionnels : cabanonniers, randonneurs, grimpeurs, pécheurs, chasseurs…
Les grimpeurs verront ainsi certaines zones restreintes d'accès, tandis que la chasse à la glu, interdite par la législation européenne, ne sera pas limitée! 


 
Dans le doute sur la pérennité de l'accès aux falaises du Devenson, nous avons choisi avec Catherine de retourner grimper sur le plus sauvage des sites des Calanques. En effet, dans les prévisions de réserves intégrales, donc interdites à l'escalade, il y avait encore en 2010 la zone de l'Oule à l'Oeil de verre, ainsi que les falaises Soubeyrannes de La Ciotat. Après mobilisation des grimpeurs, pétition et action efficace de lm'association « Des calanques et des hommes » à laquelle nous cotisons, il semble que le danger soit écarté dans cette zone (mais pas pour l'ouverture de voies nouvelles), la Réserve Intégrale ayant vu son périmètre se restreindre, ainsi qu'à Cap Canaille avec une dérogation pour l'accès. Par contre, comme il en est de même pour la zone marine sous la pression des différents lobbies, la zone de protection n'est plus qu'une constellation de confettis: au niveau protection de la nature ça frise le ridicule et le Parc n'a plus vocation qu'à empêcher les promoteurs de s'attaquer à cet espace – ce qui n'est déjà pas si mal – et à attirer les touristes du monde entier, ce qui fera les beaux jours des mêmes promoteurs dans la zone périphérique...

Donc nous revoici sur ces falaises que nous apprécions pour leur cadre unique, avec une boulimie de voies avant sevrage éventuel.
Un premier jour nous amène à la Candelle, en-dehors de la zone en question, mais à l'abri du fort vent d'Ouest et dont la marche d'approche justifie à elle seule la balade, quand le sentier commence à surplomber les flots de la calanque de Sugiton, au-dessus de l'ilôt du Torpilleur et des Pierres Tombées.
Une première voie pour parcourir le socle, « Gutemberg », qui aligne trois longueurs magnifiques et variées en 5c/6a (dalle, mur, fissure-dièdre), ça déroule jusqu'à la quatrième, un 6a+ en fissure avec un passage en coincement où on laisse de l'énergie. Quatre grandes longueurs pour 150 mètres et il faut alors marcher un quart d'heure pour être au pied de la face Sud de la Candelle elle-même. Pique-nique, sieste au soleil entre deux pieds de lavatère maritime (merci les panneaux naturalistes du parc), et c'est reparti pour quatre autres longueurs sur une classique qui nous avait manqué jusque là, la « Centrale ». Sur le papier c'était facile pour nous, mais on est sortis bien farcis: les débuts de séjour deviennent difficiles à notre âge!

C'est beaucoup plus reposés après quelques jours de vacances que nous allons au Devenson avec François Monier et Thierry Renault: c'est un peu la « dream team » des années 80 qui fait son come-back avec certes des cheveux blancs, mais toujours le même enthousiasme. J' ai choisi le secteur du cirque dont nous avions gardé le souvenir d'une journée d'hiver merveilleuse avec Cathy, que vous pouvez d'ailleurs retrouver dans les archives du blog.
Nous commençons par la voie « Les bartasseurs » qui comme son nom ne l'indique pas, propose une escalade soutenue dans un franc rocher blanc criblé de gouttes d'eau. La très belle première longueur réveille les doigts le matin: un 6c « à l'ancienne » qui se mérite. La suite est plus facile et la voie est équipée sur rings. C'est la plus abordable des voies sportives du Cirque, mais les grimpeurs de 5c/6a pourront faire la « cheminée du cirque », plus à l'Ouest, presque équipée, ainsi que l'arête du Devenson équipée de pitons, où l'on ajoute sangles et éventuellement coinceurs.
Tout ça dans un lieu isolé, sur une des côtes les plus sauvages du littoral. Un must!

 Deuxième longueur des Bartasseurs, 6b+.

Après celle-ci, nous allons faire deux voies différentes dans le secteur voisin d' « Etat d'urgence », l'occasion de refaire ces fameux rappels qui ne peuvent laisser indifférent. Cinq rappels, dont deux de 50m en araignée, et une sortie par le haut obligatoire ou bien un bon niveau en natation...





Quelques vues de la superbe dernière longueur d'Etat d'urgence en 6b.



Nous laissons nos cordes et nos dégaines sous un arbre pour le lendemain car l'approche n'est pas anodine. Nous reviendrons pour parcourir la voie « Un bain au calancon » dans le secteur de l'Eissadon. Celle-ci a une longueur ardue en libre, mais il y a aussi quelques faciles dans le secteur, presque équipées, comme la superbe arête de l'Eissadon, et aussi la toute nouvelle « Sur les traces de Gaston », 5b ou 5c obligé, en hélice autour de l'aiguille et qui s'enchaînera avec la précédente ou avec « La mer profonde ... » juste en face.


 Aiguille et calanque de l'Eissadon, prolongée par Castelvieil et son plateau. Au loin, les falaises de Cap Canaille.


Autre secteur sauvage des Calanques: la falaise de Castevieil. C'est un énorme navire qui s 'avance dans les flots, limité à l'Est par la calanque d'En Vau. Pour découvrir le site, on peut faire une voie sur le versant d'En Vau ensoleillé le matin, pique-niquer sur le plateau, et ensuite, après quelques rappels, parcourir une voie au-dessus des flots sur le versant occidental. Pour cette fois-ci, nous avons opté pour l'accès « normal » au plateau (tracé rouge, 20m de 3c tout patiné mais bien protégé)
pour ensuite faire deux voies face au large. Après avoir pris les rappels de « La lune et le sabre », nous remontons par Amaryllis, la voie dure du secteur. Le rocher est dément dans les trois longueurs. Il y a une cordée dans « Vide et eau », la belle voie facile (5/5c avec un peu de 6a tout de même), ce sont les seules personnes que nous verrons ce jour-là. Ensuite nous allons à la très belle et très classique « Rêve de Pierre », mais l'accès normal nous est interdit par l'état de la mer. Nous rappelons donc directement dans le bas de la voie pour atteindre la marche à quelques mètres de la houle bien forte. Derrière le pilier, à une vingtaine de mètres, les lames s'écrasent contre la roche dans des giclées d'embruns...Ambiance!
Si vous accédez ainsi : un rappel du relais sur rings de la grande vire (35m) puis un rappel de 25 mètres pile pour atteindre le départ, en mousquetonant un brin à la descente on peut éviter de mouiller la corde. Les longueurs se découpent alors ainsi: L1 6a+ 25m, L2 35m jusqu'à la vire, 6a+ puis 5c. L3 par la droite 6b (un pas) 15m. car tirage (7a tout droit). L3 40m 6b+. De la vire, il est aussi joli et plus facile de sortir par le « Pilier de l'Erreur » juste à droite, la fin est commune.
A noter qu'une voie pour débutants permet de découvrir l'ambiance de cette falaise: c'est la « Traversée Ramon », qui ne dépasse pas le 4, sur 6 ou 8 longueurs.

1 commentaire:

  1. Bonjour,

    Merci pour ce voyage par procuration et les belles images.
    Pour ceux qui veulent en savoir encore plus sur le PNC, nous avons publié de nombreux articles sur le sujet sur http://latribunelibredebleau.blogspot.com. Ne manquez pas notre page boîte à outils qui donne accès à la lecture des nombreuses documentations et études notamment sur le PN des Callanques.
    Bien à vous

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