Sale coup ce matin, cueillis au p'tit dej' par l'info laconique à la radio: Patrick est décédé hier dans sa maison de La Palud...
Avec Edlinger, c'est un morceau de notre jeunesse que l'on enterre
aujourd'hui. Quelques journées de grimpe partagées, quelques projets qui
n'ont pas abouti (l'idée du Nose dans la journée, c'était lui, et
finalement c'est avec Thierry que je l'ai fait; Catherine devait jouer
le rôle de sa soeur dans "les loups entre eux", mais la proche venue
de Jessica a empêché l'expérience cinématographique), quelques soirées
ensemble ont scellé le choix de vie de notre couple. Nous lui avions
fait découvrir Fontainebleau: il est arrivé chez nous dans une vieille
403 noire, vous savez, avec le bras articulé comme clignotant, pour une
semaine de grimpe. Dès le troisième jour les grattons coupants de 91.1
avaient eu raison de sa peau fragile de montagnard... Mais c'était le
début de son engouement pour le rocher, tous les rochers, et il
reviendra régulièrement par la suite ouvrir des blocs à Bleau ("le
lépreux direct" à l'Eléphant, "l'Etrave" à la JA Martin...)
Ceux
qui n'ont pas vécu cette époque ignorent à quel point le personnage a
marqué toute une génération et suscité tant de vocations. Sa
philosophie, son way of life ont contaminé le milieu de l'escalade à
cette époque et les "moutain-bummers" se sont multipliés en France:
grimpeurs à plein temps se baladant de falaise en falaise, les squats
dans les granges à Buoux ou au Verdon, les premiers véhicules aménagés,
les chapardages pour se nourrir ou s'équiper... En résumé: le
renoncement aux biens matériels pour se consacrer au plaisir hédoniste de
la grimpe dans la nature.
Aujourd'hui la nostalgie de ces temps
révolus s'accompagne de notre tristesse endeuillée et nous pensons à sa
fille, à sa famille et à ses amis de La Palud sur Verdon et d'ailleurs.Il avait exactement mon âge.