Après avoir écrit de nombreux articles décrivant avec enthousiasme la petite île de Kalymnos, paradis mondial de l'escalade, il serait injuste pour la population grecque de s'en tenir à ces images de vacances idylliques.
Les grimpeurs peuvent passer des semaines à Masouri sans rien voir de ce qu'est devenu le quotidien des Kalymnians depuis 2010. Quand on est un touriste à Masouri, il faut prendre le temps de parler avec nos hôtes pour découvrir l'envers du décor, la triste réalité de la survie d'un peuple écrasé par les mesures d'austérité imposées par la Troïka européenne.
Des dix-sept mille habitants de l'île en 2010, il n'en reste plus que dix mille fin 2013: les autres ont émigré, non seulement les jeunes, mais aussi des familles entières. En Australie pour la plupart. On commence à voir la population fouiller les poubelles, chose jusqu'alors inconnue ici, où la vie insulaire d'une communauté restreinte a toujours permis à la solidarité de traiter les problèmes sociaux. Pour ceux que le chômage n'a pas encore touché, les salaires ont fortement chuté, surtout dans la fonction publique d'Etat, le record pour les enseignants: -40%! Venus du continent pour la plupart, ils sont nourris par les parents d'élèves qui cotisent afin de les garder sur l'île (il n'y a aucun établissement privé à Kalymnos). Un local prêté par l'Eglise (qui n'en manque pas!) sert de cantine et un tour de rôle est organisé par les restaurateurs parents d'élèves.
Les classes moyennes envoyaient leur progéniture en taxi à l'école distante de quelques kilomètres. Ils n'en ont plus les moyens. Mais en pleine déconfiture du service public, pas question d'ajouter un transport en bus. Du coup, aux heures scolaires, le service de bus est réquisitionné et interdit aux touristes, voire aux adultes (donc à ceux ne possédant pas de véhicule).
Tous les 28 octobre, pour la fête nationale, tous les élèves défilaient à la parade, chacune et chacun dans un costume dédié à son école. En 2013, beaucoup ont déserté les rangs, faute de pouvoir se munir de la paire de souliers ou de la chemisette...
La déliquescence ou la disparition des services publics ouvre la porte à l'initiative privée pour les remplacer, toujours plus chère mais évidemment plus efficace quand il n'y a plus rien! Comme à l'hôpital où il vaut mieux ne pas se retrouver. Une initiative privée propose des secours en cas d'accident, avec une assurance comprise dans un "packaging" de services marchands, puisque la municipalité, qui communique beaucoup sur le festival d'escalade, ne veut ou ne peut en assumer le coût.
Les services de la voirie ayant disparu, ce sont les grimpeurs qui ont organisé en avril un "clean-up day" de ramassage des détritus au bord des routes. Quant au balayage de la rue sous nos appartements, il est assuré par les trois commerçants du coin qui se sont cotisés pour employer un chômeur.
Bref, le paradis, c'est avant tout pour les touristes-grimpeurs!
Catherine et Pascal
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vendredi 22 novembre 2013
1 commentaire:
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Ensuite apparait le fameux "captcha", certes pénible mais devenu incontournable sur internet et enfin publier le commentaire.
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Merci à vous deux pour ce triste billet que je partage alors sur la TL2B à cette adresse :
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