dimanche 5 janvier 2014

Des projets pour les vacances

Je rapporte quelques images d'un court séjour dans les Calanques et j'en profite pour faire un peu de publicité à quelques voies plus ou moins confidentielles afin que les participants au prochain camp de Pâques puissent éventuellement profiter des infos pour faire des projets.


Commençons par ce qui m'a paru être une des plus belles voies réalisables dans le massif à un niveau raisonnable, dans le secteur de l'Eissadon, plus précisément sur la belle et haute paroi entre le Cirque du Devenson et celui de l'Eissadon. Avec la voie "Avec toi c'est extra", nous bouclons le triptyque des voies modernes du site, après "Un bain au calancon" et "la sans-nom". La plus facile des trois, avec ou sans toi, est aussi la plus extra!
Nous avons démarré de la vire où se termine la série de rappels, bien que la voie possède en plus une courte longueur qui permet de partir au ras des flots, mais celle-ci n'a paraît-il rien d'inoubliable.


 Deux accès possibles au pied de la voie: par les rappels du collet, décrits dans le topo (3 rappels et deux liaisons à pied sur terrain raide un peu instable), ou bien s'il n'y a aucune cordée engagée dans la voie, on peut descendre dans "un bain...) dont les relais sont prévus pour les rappels.



Dès le début on est tout de suite dans l'ambiance marine...

La première longueur sera vite grimpée et heureusement vite oubliée: 25 mètres de dalle en 5 pour se chauffer un peu suivis de pas délicats sur cailloutis instables avant de remonter à gauche la zone arbustive.
On atteint alors un confortable perchoir pour le premier relais.


La seconde longueur annoncée 6b n'impressionne guère car peu raide et très protégée par des rings rapprochés (11 en 30 mètres). Néanmoins la grimpe y est technique et exige des placements corrects pour ne pas se fatiguer.



 La longueur suivante est une pure merveille: une fissure d'aragonite, raide et pourvue de bonnes prises, qui se couche en deuxième partie et finit à moitié en dalle à gouttes d'eau.Je dirais 6a+ pour cette longueur et 6b pour la fin de la suivante, c'est -à-dire le contraire de mon topo. Cette quatrième longueur commence en dalle, passe une vire (point mal placé, un peu expo) et gravit un second mur qui se redresse à la fin. Il y a peut-être là un 5c obligatoire pour atteindre le dernier point.
 



A mesure que l'on monte, la vue s'élargit et c'est un spectacle merveilleux avec la lumière d'hiver. Au premier plan Castelvieil, plus loin les falaises Soubeyrannes et au loin la presqu'île de Six Fours.



Très belle escalade technique dans la cinquième longueur, sur un beau rocher blanc, un 6a pas si facile, qui finit par un rétablissement en traversée vers un relais aérien.





 Et la cerise sur le gâteau: la surprenante dalle d'aragonite de la dernière longueur en 5c!




Dans le même secteur, une voie nouvelle a été équipée récemment sur l'aiguille de l'Eissadon. "Sur les traces de Gaston" est rapidement devenue une classique de l'escalade maritime, avec son itinéraire hélicoïdal et balnéaire de 8 longueurs dans un niveau très accessible. Ensuite, il faut remonter sur le plateau par l'éperon Ouest de l'Eissadon pour clore une journée très complète.

 Dans un niveau plus élevé, nous avons testé la dernière née de la Candelle, "Pulp fiction". Comme pour toutes les voies de cette face, le rocher est somptueux et la vue splendide. La Candelle est réputée pour ses dalles au grip incroyable, mais la nouvelle voie suit une fissure pendant 3 longueurs sur 4. De quoi exciter mon imagination depuis son ouverture l'an dernier.
Je n'ai pas été déçu, la voie est belle et variée, avec du dièdre, de la dalle et de la fissure en plein mur : L3 cotée 7a plutôt gentil mais 6b obligé pour un passage. Dommage, le reste ne doit pas dépasser le 5c oblig. mais on doit pouvoir se tirer du pas en question avec un crochet ou un petit coinceur.
Accès: c'est la première voie à droite de l'Arête de Marseille,30m à gauche des Ailes du Désir.


Tracé de la voie



L1: 6a+, 35m, dièdre, relayer au chêne entouré d'une sangle (+ gougeon)
L2: 6b (un pas), 30m, dalle puis traverser à droite sur la vire.
L3: 7a, 20m, fissure légèrement déversante en pleine face, bien visible du pied de la voie
L4: 6b+, 25m,  dièdre avec petit toit.

Au sommet, traverser 3m à droite pour trouver les rappels de la Cheminée Buisson (40, 20, 40m).

Dernière longueur de la voie dans un dièdre.
Plus à droite, plusieurs voies ont été rééquipées dans les dalles blanches au rocher parfait. Nous en avons parcourues deux dans le mur à gauche de "La Centrale", "le Chant du Crépuscule" et "L'Ecume des Jours", respectivement 6b et 6a+, superbes pour compléter la journée.

Les dalles blanches de la Candelle, coupées par la fissure du CAC.


Coup d'oeil sur la Concave

Gouttes d'eau et adhérence exceptionnelle: le rêve...




Une courte visite à la Sainte-Victoire nous a confirmé une fois de plus la majesté du site...
"La Sainte", on aime ou on déteste, mais de toute manière ça ne laisse pas indifférent. C'est une énorme montagne dont la face Sud forme une barrière visible à des dizaines de kilomètres. L'inconvénient, c'est évidemment l'exposition à tous les vents, ou presque. Le plus, c'est son côté sauvage, ses nombreux coins et recoins (une centaine de secteurs), la qualité du calcaire. Le moins, ce sont les vires qui séparent les étages de la paroi et surtout les cotations "old school" qui déstabilisent et une escalade que l'on pourrait qualifier de monotone car uniquement en dalle, ce qui ajoute à la difficulté pour les grimpeurs formés en salle.
La Sainte s'atteint en moins de 45 minutes depuis La Ciotat, ce qui en fait une destination de choix lors du camp de Pâques.


Austerlitz: 4, 5c, 5c, 6a, 6a+, 120m.

Voici une vue du secteur le plus fréquenté, la paroi des Deux Aiguilles (en bas) et du Signal (en haut). Entre les deux, l'Aiguille des Gatz'arts avec le pilier blanc de la voie Austerlitz, une grande classique des années 80 qui n'a pas perdu de son aura. Assez "facile" sur le papier, avec un pas de 6a+ au pire, de nombreux grimpeurs de ce niveau se sont fait "rouster" dans cette voie et y ont laissé quelques mousquetons de but qui finirent au fond de mon sac. Soyons honnête, je ne faisais pas mon fiérot dans le passage en question...

Bon, vous l'aurez compris, ce n'est pas la voie recommandée pour une prise de contact avec la Sainte. Il vaut mieux d'abord s'habituer au style dans les voies plus courtes des Deux Aiguilles, dont les plus faciles commencent hélas à patiner, ou bien dans les autres secteurs de couennes disséminés partout et qui ne sont guère fréquentés. paradoxalement, de nombreux grimpeurs ou futurs alpinistes ont fait leurs premiers pas ici car les voies d'initiation y sont nombreuses, qu'elles mesurent 10 mètres ou 400! Nous gardons par exemple un excellent souvenir d'avoir parcouru avec notre fille l'enchaînement des Moussaillons, de l'Arête du Jardin et de l'Eperon de la Croix qui mènent au sommet après une quinzaine de longueurs d'escalade ne dépassant pas 4c. Il y a pléthore de voies comme cela, et même plus faciles sur cette montagne. Par contre, aucune n'est complètement équipée alors il faut apprendre à utiliser les arbres et poser quelques coinceurs pour compléter la protection en place.

Le petit côté "alpinistique" des grandes voies de la Sainte.


Pour conclure, je dirais qu'il faut absolument visiter ce spot qui fut le laboratoire de la haute difficulté et de l'engagement des années 70 (Le Médius, premier 7c de France), mais qu'il vaut mieux se réserver un jour gris de mi-saison ou au contraire une belle journée d'hiver quand l'adhérence est optimale, au risque de garder un mauvais souvenir si l'on se cantonne aux secteurs les plus parcourus.

Enfin pour finir, voici un site d'escalade du Var,  proche de La Ciotat mais assez confidentiel bien qu'il s'agrandisse régulièrement depuis quinze ans.
 Entre les villages d'Ollioules et d'Evenos, les Gorges du Destel proposent désormais une dizaine de secteurs de couennes, plusieurs falaises de 6à à 100m de hauteur et au moins six grandes voies allant jusqu'à 7 longueurs de corde. Ces voies récentes sont destinées aux grimpeurs de 5 et 6 et semblent mériter une visite d'après les commentaires sur Camp to Camp. Voici le lien vers leur description:
http://www.camptocamp.org/summits/436651/fr/evenos

Destel, secteur "grende face" à l'entrée des Gorges

Avertissement: ici comme à la falaise voisine du Cimaï, il faut ajouter une demie cotation par rapport aux Calanques, voire parfois une cotation, au moins dans les voies sportives (je ne sais pas si c'est pareil pour les grandes voies récentes). Un 6a+ correspond par exemple à un 6b+ ailleurs... Il vaut mieux le savoir pour ne pas rater son échauffement!

4 commentaires:

  1. mais il faudra que je me remette à niveau!!

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  2. Merci pour toutes ces infos !
    Vivement les vacances de Pâques pour retrouver ces superbes voies des Calanques et la magnifique ambiance de la grimpe en bord de mer !
    JLuc

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  3. Petite précision au sujet de la voie "Pulp Fiction".
    A lire votre commentaire on pourrait s'attendre à une voie débonnaire pouvant être allègrement abordée avec un niveau 6a.
    Pour l'avoir parcouru ce week-end j'ai trouvé que le rocher était plutôt "bricateux" notamment dans L1 et L3 (en dehors de la fissure). Dans L2, risque de chute sur vire à 2 reprises - L3 présente un passage engagé nécessitant un bon pas de 6c obligatoire dans une fissure grasse. D'autre part j'ai récupéré 2 maillons rapide (dans L2 et L3). Bref une voie à ne pas sous estimer, à mon avis.

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