Texte de Catherine Carré
Palestine Climbing Association est donc désormais reconnue officiellement par la Fédération internationale d'escalade comme représentant la Palestine.
L'accaparement par les colons isréliens des falaises qu'ils avaient équipées a réduit à peau de chagrin leur terrain de jeu. Comment pratiquer leur activité si nécessaire à leur émancipation ?
Un autre site de grimpe leur est accessible, à condition bien sûr que le bon vouloir des soldats les autorise à franchir la frontière, et les laisse passer du matériel, c'est l'immense territoire du désert de Wadi Rum.
Wadi Rum, nous connaissons bien, mais nous avions cru ne pas y retourner : c'est loin, cher, engagé... depuis un pourtant merveilleux voyage avec Jean-Yves, Pépito et quelques autres ami.es en 2009.
Le collectif Solidarité grimpe Palestine a donc organisé la suite de la formation de PCA , cette fois à la grimpe engagée sur coinceurs , avec l'aide des autres bénévoles déjà présents au printemps, ainsi que Tim l'Américain du film Resistance climbing, et Neil , guide à Chamonix.
Grosse décision que de porter la responsabilité des dangers inhérents à cette pratique de l'escalade, budget conséquent pour nous, mais Pascal n'a pas eu trop de mal à me décider, tant j'avais envie de revoir ces formidables camarades de Palestine. Je m'inquiète de la consolidation à peine terminée de sa vertèbre cassée, son dos tiendra jusqu'au bout, ouf.
Nous arrivons les premiers à Wadi rum, hyper chargés de 40 kg de matériel à leur offrir, nous repartirons plus légers hé hé.
Samedi 18 octobre
La nuit de voyage nous a épuisés, et c'est avec délices que nous dormons quelques heures dans le lit du petit « hotel » Oryx, chez Ahmed, quel confort par rapport au camping d'autrefois!
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| Oryx Hostel |
On fait les sacs, on achète pommes et bananes dans un petit 'Supermarket »...de 20 mètres carrés, et Hop, une première voie sur Djebel Rum, Live and let die, pas trop difficile mais tout sur coinceurs, quelques angoisses pour ce premier retour à l'escalade « trad' » … Oserai-je passer en tête si nécessaire pour le stage? (En fait oui !)
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| Grimper au-dessus du Bagdad café... |
Retour à la nuit tombante, rencontre dans le petit restaurant local avec Seb et Gildas, les deux cinéastes venus tourner une partie du film documentaire dont ils ont eu l'idée , qui retracera le parcours de vie atypique de notre jeune amie Afraa, réfugiée politique , Palestinienne née en Syrie, présélectionnée dans la team olympique des réfugiés. Miam le premier poulet au riz d'une longue série.
Et c'est une amitié immédiate qui se noue entre nous 4.
Nous sommes passionnés par ce qu'ils nous racontent de leur travail, plein d'humanité dans les films documentaires qu'ils tournent sur des vies particulières, comme celle d' une femme en Lybie pendant la chute de Khadafi, ou d'autres destins étonnants, souvent au Moyen-orient mais pas seulement.
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| Gildas en plein travail avec Tarhek |
Le lendemain matin, dimanche, nous traversons avec eux le canyon de Rakabat, ils découvrent le terrain chaotique , magique pour les images, dans lequel nous évoluerons ensemble.
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| Sébastien Mesquida, réalisateur, Catherine, actrice, Gildas, caméraman, et chien bédouin, figurant. |
Nous découvrons leur matériel, je mets de côté mon hostilité aux drones , tant les images, dans ces circonstances particulières , sont magnifiques.
L'après-midi, nous marchons dans le désert en plein cagnard sans trouver la voie désirée...Le topo était faux, les ouvreurs ayant confondu Um Eshrin avec Um Ejil, grrr. Mais maintenant, l'arrivée de WhatsApp même de l'autre côté du djebel nous permet d'appeler Salim , chouette il va venir nous chercher en jeep, nous évitant de nouvelles heures de marche en plein soleil.
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| A la recherche de la voie Sakher el Aswad (black eagle) |
Le soir , nous mangeons chez Salim, avec nos cinéastes. Le constat est rude, la propagande saoudienne dans la région a fonctionné, je suis la seule à pouvoir aller remercier, discuter avec sa femme dans la cuisine, laquelle est immense, le salon aussi, l'écran télé également, jolie prison dorée... Nous ne verrons plus les femmes des bédouins, même dans la rue, comme lors de nos premiers voyages !
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| Village de Wadi Rum, à pied d'oeuvre pour les grimpeurs |
Lundi 20 octobre
Pour notre dernière journée tous les deux, nous grimpons la voie Salim Musa sur Um Ejil Sud.
Itinéraire plutôt "montagne", avant le sommet l'explication peu claire du topo nous fait perdre une heure, pas un seul cairn évident en vue, et au contraire la descente annoncée complexe se fait rapidement. A Wadi Rum, il faut toujours mettre de la cordelette et un couteau dans le sac pour consolider des rappels ou relais.
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| Première longueur en tête en terrain d'aventure depuis des années... Aucun équipement sauf quelques relais sur lunules, mais les réflexes reviennent vite! |
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| On vient de là-haut, après une descente superbe entre éperons, vires et canyons |
Et au retour, quelle joie de retrouver Afraa et sa mère qui ne s'étaient pas vues depuis 5 ans... Seb et Gildas avaient filmé leurs retrouvailles émouvantes quelques jours plus tôt à l'aéroport d'Amman. Afraa avait pu fuir le régime de Bachar Al Assad auquel elle s'opposait, à l'âge de 18 ans. Sa mère ne pouvant venir en Europe, a pu avoir un visa pour la Jordanie.
Deux amis bédouins, Tarek et Sakher, frère et cousin de Tawfik, le bon grimpeur de Resistance Climbing, sont arrivés avec Faris, le danseur de tango . Lui n'avait pas pu venir en avril, il passait son diplôme de kiné. Quelle joie de retrouver nos amis, Faris le devient en quelques instants.
Premier dîner chez M'Salem dans ce grand salon où nous nous retrouverons de plus en plus nombreux tous les soirs. Je passe la soirée à discuter avec Hind, la maman d'Afraa. J'ai tant à apprendre de sa vie si différente de la mienne...
Poulet riz, encore, et ce sera presque tous les soirs ! Excellent pour le transit .Mais ici la blague française c'est coq au riz, coq au riz, coq au riz, cocori , cocoricoricocorico .
Mardi 21
C'est le premier jour d'initiation, avec la voie Apéritif pas fait exprès mais c'est une belle entrée en matière pour l'escalade trad', haha.
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| Yallah! |
Pascal prend sur sa cordée Afraa, qui traduira pour Tarek, et moi Faris, qui traduira pour Sakher. Deux cordées de 3, nous avons donc assez de matériel. Chacun explique à sa cordée comment va se passer cette voie de 3 longueurs, comment on va placer les coinceurs, comment les retirer. Seb et Gildas filment...
Les bédouins ne parlent que l'Arabe ! Tous les autres Palestiniens parlent très bien Anglais, moi je suis obligée de m'y remettre, Afraa est trilingue.
Ouf, je cache ma terreur de me remettre à poser des coinceurs à 68 ans ! La voie ne dépasse pas le 5, tout se passe très bien.
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| Cath et Saker au départ de L2 |
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| Le grès fabuleux de Wadi Rum: quelles prises! |
Nous apprenons à ne pas tenir compte de la présence de la caméra, nous savons que ce voyage n'est qu'une petite tranche de la vie d'Afraa, qui sera filmée sur un temps très long. On s'habitue au ronronnement du drone pendant l'escalade.
Après le pique-nique dans le canyon, Pascal emmène Faris faire la fissure rectiligne de The Beauty, voie majeure réalisée il y a longtemps avec des compagnons de cordée de notre section FSGT de Ste geneviève. Nous autres rentrons au village, en suivant les cairns dans le canyon sinueux, les vires, c'est la découverte des randos vertigineuses pour Afraa …
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| Faris découvre Wadi Rum: l'impression de grimper sur Mars! |
Et ce soir, ce sont les grandes retrouvailles !
Ils sont 7 qui arrivent d'Akaba, dont Tim, quatre d'Amman, dont Neil, que d'embrassades !
L'animation est à son comble, toute la soirée, chez M'Salem.
Mercredi 22 :
Après le délicieux petit déjeuner, qui traîne tant on a de choses à se raconter, nous marchons vers le Djebel Rum pour grimper une nouvelle voie d'initiation aux coinceurs, Salim, sur Abu Mayleh tower. Pascal grimpe avec Tarek et Sakher, je fais cordée avec Aymen. C'est notre ami tunisien qui avait déjà pris le rôle de traducteur au séjour en France. Aymen est un bon grimpeur, et il apprend très vite l'escalade trad', il finit la voie en tête, cool pour moi ! Les bédouins, très à l'aise dans tout ce qui est « scrambling », c'est-à-dire arpenter les montagnes escarpées, se posent plus de questions lorsqu'il s'agit de placer les coinceurs et équiper des relais. La descente se fait par deux rappels extrêmement impressionnants.
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| Face Est du Djebel Rum, avec Abu Mayleh tower en premier plan |
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| Aymen plutôt à l'aise dans le crux de la voie Salim |
Dîner d'une soupe aux herbes avec le riz, miam.
Jeudi 23, petit déj à 6 h, pour grimper avant l'arrivée du soleil sur Um Zaighieh.
Nous partons avec trois voitures.
Quelle ambiance sur le plateau du pick up !
Hind est montée difficilement au pied de la paroi, sur le chaos de rochers. Elle n'a pas eu le temps de faire du sport, pendant sa vie de médecin dans un camp de réfugiés en Syrie, où elle a recemment terminé sa carrière avec le Croissant rouge syrien, avant le bombardement de leur maison par le régime.
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| Dépose au pied d'UmZaygheh |
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| Hind a quelques inquiétudes pour sa fille... |
Aujourd'hui Afraa fera sa première voie de plusieurs longueurs, Crazy camel, où elle devra grimper en tête , installer le relais. Evidemment tout est nouveau par rapport à ce qu'elle pratique en salle d'escalade !
Elle a choisi de grimper avec moi, les cinéastes filment ce moment émouvant. On révise les manœuvres ; la présence de sa maman, qui la verra grimper pour la première fois, participe du stress qu'elle a du mal à maîtriser. Comme je l'avais imaginé, la voie et sa descente en rappels se déroulent pourtant très bien.
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| Afraa et Cathie au relais de Crazy Camel (6b+) |
A notre gauche, je vois les copains Palestiniens, Faris en tête, équiper une belle fissure engagée, Runner Up, sur coinceurs, accompagnés de Tim, et je me fais plus de soucis pour leur sécurité que pour la nôtre !
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| La team est au complet sur le site car ci il y en a pour tous les goûts: petites et grandes voies, équipées ou non. |
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| Rémi, guide spécialiste du lieu, nous a rejoints avec sa compagne Kaoli. Dans le dièdre à gauche, Tarek s'engage dans Runner-up sous l'objectif de Gildas.. |
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| Une douzaine de voies sportives dans la dalle, 5a à 6c, 25 à 40m |
Pascal équipe une autre fissure, a Pale Moon Rising, avec Aymen, et grimpe plusieurs autres voies avec un peu tout le monde. Le soleil nous a rattrapés... On file alors vers Barrah canyon, où là encore des escalades courtes nous offrent la suite de cette journée conviviale, tous ensemble.
Tim fait Shake your Beauty, 6c, y pose beaucoup de coinceurs, et nous sommes plusieurs à la répéter, en profitant de la sécurité installée, héhé. Les autres défilent en moulinette dans un beau dièdre où Pascal a laissé la corde, ou bien avec Neil sur la L1 de Merlin.
Et le soir, nous passons une « soirée dans le désert », invités par Ahmed notre hébergeur. Quelle déception ! Nous avions connu le petit feu de camp, le pain cuit dans le sable... Là c'est dans un de ces immenses "camps bédouins » que les plus fortunés ont fait construire, conduisant la perte totale d'authenticité des paysages , avec salles à manger de plus de 200 mètres carrés, buffet à volonté, très bon par ailleurs. Des dizaines et dizaines de Toyotas déversent des centaines de touristes chaque soir.
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| Après le coucher de soleil... |
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| ... Le restau 4 étoiles |
L'eau à Wadi Rum
Au village, elle vient de l'immense nappe phréatique , elle est gratuite et excellente.
Pascal et moi n'achèterons aucune bouteille en plastique pendant 15 jours. C'est difficile de convaincre tout le monde de faire de même, j'en pleurerais. Le désert est jonché de bouteilles vides et de cette nouveauté de petits gobelets individuels comme des pots de yaourts ! Chaque fois que nous rentrons de balades, nous ramassons un grand sac de déchets...
Mais un grand projet de conduites de l'eau dessalée de la Mer Rouge apporte de quoi se doucher aux innombrables touristes utilisateurs des camps du désert !!! Je crois comprendre avec mon Anglais pas toujours très sûr que c'est Suez qui a pris le marché . Désolant …
(NDLR: confirmé, par l'intermédiaire de Meridiam, fonds de pension américain qui possède 30% de Suez)
Les parcelles dans le désert
Selon la loi bédouine, avec l'accord tacite du gouvernement jordanien, chaque famille utilise comme elle le veut une aire de désert, plus ou moins grande, plus ou moins bien située, dont elle a hérité depuis la nuit des temps. Ceux qui avaient su profiter du tourisme de masse et de la venue des grimpeurs dès le début, ont de quoi investir dans des structures d'accueil plus ou moins luxueuses .
Plusieurs d'entre eux m'ont expliqué les difficultés financières au village pendant la période Covid, puis les guerres menées par Israël; le tourisme reprend cette année.Ce soir nous disons au revoir à Sébastien et Gildas, nos deux cinéastes repartiront cette nuit. Je suis si triste, c'était une si belle rencontre !
Vendredi 24
Jour de la grande prière, le muezzin nous réveille. C'est aussi pour nous deux une journée de repos, ouf. Tout un groupe va faire le tour d'Um Ejil, par les canyons Rakabat, Zernouk El Daber et Karazeh. Neil rééquipe les rappels ; cette « randonnée -escalade » permet à tout le monde d'acquérir une meilleure maîtrise du terrain scabreux » de Wadi Rum.
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| Le départ traîne un peu ce matin... |
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| Au retour de Karazeh canyon dans la lumière du soir |
Samedi 25
Serrés comme des sardines dans la jeep de Muntaser, nous partons grimper Black Eagle . Bien renseignés, nous trouvons cette fois la voie facilement. Le soleil n'en finit pas de quitter la paroi pas si à l'Est qu'annoncé , faisons quelques assouplissements, et commençons l'ascension avant l'arrivée de l'ombre, ouf, il souffle un peu d'air aujourd'hui.
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| Les deux Zaina ("beauté" en arabe) |
Pascal a pris sur sa corde Muntaser et Zeina A, je suis avec Zeina D. Il n'y aura finalement pas beaucoup de coinceurs à placer, les relais sont équipés puisque ce sera aussi la descente. Mamie Cath est rassurée ! Zeina est terriblement fatiguée, a très mal dans ses chaussons d'escalade. Eh oui, il n'y a pas de magasin d'escalade en Palestine, elle n'a pas pu acheter des chaussons plus grands que ceux qu'elle utilise sur les courtes longueurs habituelles. Dommage, elle ne profite pas de cette voie superbe.
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| Black Eagle, fin de la longueur-clé en 6b+ |
Nous descendons les rappels en laissant nos 3 ami.es en autonomie, sous notre regard attentif. C'est bon, tous les 3 maîtrisent les gestes. Cool.
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| Summit! |
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| La surveillance bienveillante du formateur |
Dimanche 26
Tim et Pascal s'autorisent une journée pour eux, avec Au Grès du Vent, belle voie avec du 7a !... Un "splitter" parfait en deuxième longueur, ce n'est pas à Indian Creek, mais bien à Wadi Rum! Gants de fissure indispensables.
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| Notre voie est là, dans le rouge |
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| L1, 6a+. Au-dessus, on voit la fissure parfaite en 7a. |
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| A la fin du dur |
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| L3, toujours aussi beau, toujours aussi athlétique (6b) |
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| Relais 7 |
Je retourne à Um Zaighieh avec Afraa, Bissan, Yumi, Faris , et Sakher et Tarek, qui feront Crazy Camel, tous les deux. Bravo les Bédouins !
J'enseigne aux filles les installations de rappels, moulinettes, que faire pour revenir au sol avec une corde trop courte...Elles sont enchantées. Faris est crevé, alors il veille !
Afraa fait une longueur plus difficile en tête, pour prendre confiance.
Lundi 27
Tout le monde se débrouille aujourd'hui, ou se repose. Pascal et moi partons donc avec Tim et Neil pour une voie qui sera bien difficile, First Kiss. Je suis trop petite pour passer un surplomb, et dois redescendre, échanger mon encordement avec Pascal. Même en second, j'aurai bien du mal, et j'ai bien fait de ne pas perséverer en tête, la chute en tête aurait été risquée. Pour la descente, une corde se coince,c'est chouette de ne pas galérer à essayer de la récupérer puisque nous sommes à deux cordées ; Alors, hop, on sort l'opinel et on coupe. Elle était djà bien usagée, le morceau restant sera offert à un bédouin pour attacher les chameaux. Ici les cordes se coincent moins dans les fissures que sur les innombrables écailles de grès , et il est indispensable de partir à Wadi Rum avec des brins de cordes de rechange.
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| Cathie dans la goulotte de L1 |
| Incroyable rocher! Photo R. Thivel |
Mardi 28
Toute la troupe part à Um Ghatta, à l'entrée du canyon Um Razza, pour des voies courtes, c'est vraiment super d'être toutes et tous ensemble ! Encore de l'initiation, on voit les progrès d'autonomie dans toutes les cordées.
Le topo nous a un peu menti et le soleil arrive trop vite , nous sommes dans un four, et prenons le pique-nique en face, à l'ombre en attendant que les voitures viennent nous rechercher.
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| Um Razza, un des plus beau sites autour de Rum |
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| Aymen et Tim dans le nouveau 7b+ |
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| Ces rochers!!! Un rêve de grimpeur... |
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| 14 personnes et une momie dans le Toyota d'Ahmed! |
Mercredi 29, je propose à Afraa et Yumi une petite rando de 3 heures, au Djebel Mayeen, juste en face du village. Pascal, nous accompagne. Une première approche de rando bédouine qui permet de s'accoutumer...passages faciles mais où il ne faut pas tomber, prise de confiance dans l'adhérence des chaussures de rando sur le grès abrasif, recherche de l'itinéraire.
On se régale de Shawarmas au retour, ce petit restaurant à l'entrée du village est parfait !
Et le soir nous allons toutes les 3 regarder le coucher du soleil, perchées dans le canyon Rakabat ; Afraa chante en Anglais avec son Yukulélé, sa jolie voix résonne dans le canyon, c'est magique!
On passe une soirée un peu tendue, deux cordées de 3 grimpeurs qui ont choisi de partir sans « guide » dans Flight of Fancy tardent à rentrer, on aperçoit leurs frontales dans les rappels. Ouf , ils finissent sans problèmes, heureux de leur aventure ! Quand je dis à Faris qu'après des milliers de voies, je n'ai jamais fini la nuit, il me répond que lui il a fait deux voies, dont une la nuit. Il est donc à 50% . Fou rire assuré. Faris rit tout le temps, comme je l'avais décrit dans mon journal du printemps, c'est l'une des forces de résistance à l'oppression de nos camarades.
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| Le futur grand lotissement: pas encore une maison mais éclairé comme Las Vegas! |
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| Ils feraient mieux d'éclairer les voies pour Aymen, notre grimpeur dracula. |
Jeudi 30
Rémi est un guide pyréneen qui a voulu nous rejoindre dans le projet d'escalade solidaire. Il est grand connaisseur de Wadi Rum. Il nous a rejoints à Wadi, avec sa compagne Kaoli.
Encore une superbe rencontre... Ils nous invitent à profiter de leur taxi bédouin pour grimper ensemble de l'autre côté du canyon Kharazeh. La voie « Plouc » se révèle dangereuse, et nous préférons redescendre après 3 longueurs, pour aller faire une voie de 6 longueurs à côté, « ça mégotte. »
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| Plouc ploc, L2 |
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| La même, L3 |
| Pascal sur le gâteau marbré de "ça mégotte" |
| Un bisou en passant |
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| Une montagne de chocolat |
Vendredi 31
Nous sommes 6 à faire une vraie, longue voie bédouine, Al lassik descente par le canyon Khazali. M'Salem nous dépose vers 9 heures et reviendra nous chercher vers 18 heures. C'est une merveilleuse journée de recherche d'itinéraire, bienveillance, organisation des gestes à faire pour aller vite et finir avant la nuit. Pascal et Niel lancent les rappels, Carlo les récupère, plie les cordes, je vérifie l'installation aux rappels de Yumi et Afraa, la sécurité est assurée, une équipe de choc !
Samedi 1er novembre
Nous sommes si tristes, presque tout le monde est parti.
Neil et Tim grimpent avec Marwan, le meilleur grimpeur jordanien que Tim avait connu quand il étudiait l'Arabe à l'Université d'Amman.
Yumi repart ce matin , nous attendons son taxi pour Amman, puis départ pour la grimpe.
Il nous reste notre chère Afraa, à qui nous proposons Vulcanic Tower, un contrefort du Djebel Rum... 11 longueurs où nous nous régalons en second pendant que notre invincible Pascal affronte des morceaux de cheminées ou fissures sacrément engagés ; eh oui, il m'avait caché que cette voie fut ouverte par Precht, un ouvreur autrichien réputé pour l'engagement qu'il impose dans toutes ses voies. J'avais eu tellement peur il y a 20 ans, que j'avais juré de ne plus grimper dans les voies signées Precht.
Afraa observe les protections, les relais sur coinceurs ou lunules, voie très formatrice par ailleurs. Les lunules se sont ces petits ponts de rocher verticaux derrière lesquels on peut faire passer un anneau de corde pour s'assurer... Ils sont plus ou moins solides !
La descente se fait de l'autre côté de la montagne... désescalade en solo, rappels pas forcément simples à trouver. Retour tranquille au village à la nuit tombée. Comme elle a progressé notre jeune Afraa !
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| Le cirque fermant le Wadi S'bach, avec à droite la Vulcanic Tower, dont la face NE est déjà à l'ombre à midi. |
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| Cathie vigilante à l'assurage, ce n'est pas très dur mais bien expo |
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| L 10, en 4, une des plus jolies |
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| Au sommet, on comprend le nom. Paysage lunaire... |
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| Quelques souvenirs à rapporter dans la valise? |
Dimanche 2 novembre
Pascal fait 3 longueurs avec Carlo dans Djebel Rum, la dernière longueur de Droit au but, annoncée 6c , c'est du 6a, la précédente sur coinceurs annoncée 6a+ est en 6b+, ça glisse. Première voie patinée de Rum! Il vaut mieux choisir des voies où on a de la marge !
Avec Afraa, je viens dire au revoir à ce merveilleux massif par une balade tranquille dans le canyon Al Makhman... Reviendrons-nous ?
Puis c'est l'heure de boucler les valises, tellement plus légères qu'à l'aller puisqu'on a fait cadeau de presque tout notre matériel ! Sauf les cadeaux apportés par Nasser, Zeina, Asia... huile d'olive, zaatar, savonnette, broderie.
Le voyage se fait de nuit, on est crevés mais à l'heure devant l'école lundi pour récupérer nos petits-enfants !!!
























































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