lundi 7 mai 2012

Les falaises Soubeyrannes, à La Ciotat

Canaille, c'est l'histoire d'une course de vitesse entre la perceuse et la chauve-souris...Bien que l'on y grimpe et explore les grottes depuis les années soixante-dix, l'histoire de l'escalade et de l'équipement s'est accélérée ces dernières années avec le projet de parc national des Calanques. Et particulièrement en 2011, année où les équipeurs commencèrent à se déchaîner avec la perceuse pour équiper un maximum de lignes avant la mise en place du parc, craignant un moratoire sur les voies nouvelles, voire un,e interdiction pure et simple à cause de la présence d'une grande roussette, une chauve-souris géante...


Le parc a été officiellement créé quelques jours avant notre arrivée, pour l'instant R.A.S.

Ces falaises sont vraiment spéciales! D'abord une curiosité géologique: on y rencontre une superposition de couches de différentes natures inégalée en France. Non seulement l'on change de rocher plusieurs fois dans une voie, mais on traverse parfois jusqu'à trois strates différentes dans une même longueur. Brèche, calcaire urgonien ou à rudistes, grès rouges et blancs, poudingue...Tout y passe. La gestuelle y est donc variée, avec énormes baquets dans des strates déversantes, surplombs alvéolés, dalles fines sur galets, fissures, cheminées et toits.

Certains s'extasient, un peu vite à mon avis: on prétend passer de la Jordanie aux Calanques, puis des fissures arizoniennes aux galets de Riglos ou Montserrat. Mais pour un grimpeur qui a voyagé, rien ne soutient la comparaison avec l'original! Par contre, cela ravira les découvreurs de ces types de roche. Question ambiance, il y a la mer, proche certes, mais on n'évolue jamais au-dessus des flots comme dans les Calanques. La vue est ouverte, mais moins saisissante.

Le second intérêt, c'est l'approche, grâce à la route des crêtes. Selon les secteurs, deux ou trois rappels, voire aucun comme au Draïoun où 15 minutes de descente mènent à pied d'ouevre pour environ 150m d'escalade.
Les voies sont un peu courtes pour remplir la journée, mais on peut en enchaîner deux, il y en a aussi de deux ou trois longueurs, ainsi qu'une sympathique falaise de couennes au sémaphore.
Seul hic, on passe rapidement du très facile, les grandes traversées mi rando, mi alpinisme, au difficile. Rares sont les grandes voies en-dessous de 6b... Mais certaines sont si équipées (l'équipement a été rapproché compte-tenu du rocher friable, très bien nettoyé) qu'elles sont accessibles à un grimpeur de 5c/6a.

Les voies les plus abordables en escalade sportive:

Ouvreur de bouse: la partie inférieure étant sans intérêt, il ne faut faire que la fin, après avoir fait sa voisine « bourreur de rousse » par exemple. Un rappel de 50m dans la voie dépose au relais (lunule et un spit à gauche). L1: 6a+, 15m. L2 et L3 s'enchaînent avec 16 dégaines, 35m, 5b puis 5c. Grès rouge parfait.

Bourreur de Rousse: On peut ne faire que la fin, splendide, en descendant un rappel de 40m.
Sinon, un autre rappel de 50m et ça donne L1: 6a+, L2: 6a, L3: 4b (traversée à droite), L4 et L5 à enchaîner pour ne pas couper l'élan: 6a+, 17 dégaines. Le niveau obligatoire doit être 5c pour L1, à peine 5 pour le final, grandiose. Pour ces deux voies, 50m de la voiture au rappel.

Au milieu de nulle part: même secteur, quatre longueurs entre le 4c et le 5c, rocher maintenant nettoyé, parcourue de temps en temps.

Le 14 juillet: la voie entière fait 6a+-3-6b-6a-4c, mais ça vaut le coup de visiter la grotte du même nom, spéléo facile avec frontale, 107 mètres à l'horizontale, superbes concrétions. On ne fait alors que deux courts rappels et on remonte par une longueur de 6a ou A0 puis une cheminée en 4c.
Dans le même style (spéléo facile), il y a aussi la grotte du Pendule, 300m de long, remontée par une longueur de 6a et une de 4. Le topo des grottes et des grandes traversées faciles:La Ciotat, aventures Soubeyrannes, CD 13 FFME.

Deux vauriens, trois canailles: C'est LA VOIE à ne pas manquer, avec ses passages marquants entre les gros dévers. Ambiance, ambiance... 6a+, 6a obligatoire, 7 longueurs.

Il y a aussi Grazie amico, 6b, 6a obligé et Mathusalem, 6b+, 6a obligé, une classique.

Mais il faut savoir que de belles classiques avec quelques passages en 6c ou 7a sont accessibles à des grimpeurs de 5/5c, tant les points sont rapprochés. C'est le cas de « la loi du chaos », la première des voies de l'époque moderne, ou de « galéjade ».

La suite, c'est une ballade en images dans quelques voies parcourues en avril 2012.


A Canaille, on fait le sac et 30 minutes plus tard on est au pied des voies, avec vue sur la grande bleue et les Calanques au fond.
Le truc sympa, c'est d'alterner les sorties dans les Calanques, où les gouttes d'eau agressives attaquent les doigts, avec une ou deux voies à La Ciotat, pour reposer la peau sur la douceur des galets.





Un grimpeur inconnu dans un passage facile de "sables émouvants", la voie qui a nécessité le plus gros travail de nettoyage. Cette voie ne doit pas dépasser le 6a obligé, mais athlétique. Le clou: la cinquième longueur en 6c, énorme: ça commence par un toit horizontal de 2,50m, avec des prises énormes, suivi d'une goulotte où les prises sont des fossiles, un dièdre ouvert avec des mouvements techniques bien protégés, où l'on passe du calcaire au grès, tenant des plats aussi adhérents qu'à Bleau!
La longueur suivante est encore bien jolie sur les galets.


Voilà les fameux galets du poudingue dans "la loi du chaos", grande classique très accessible. Elle débute par trois longueurs raides sur bonnes prises rappelant un peu l'escalade à Wadi Rum (6a+, 5 et 6a). La longueur suivante compte parmi les plus belles de Canaille, avec une fissure en dülfer sur le grès ocre rugueux (6b+). Ensuite, trois magnifiques longueurs de galets (7a, très rapproché, 6b) qui se terminent par un toit où les petites ne sont pas à la fête (6c+)

"La loi" parcourt le Grand Draïoun, où l'on accède à pied.
Pour Damoclès, ilm faut aller à la falaise du sémaphore: pour cela, trois rappels dans la voie du 14 juillet et dix minutes à pied. Les premiers mètres peuvent rebuter: une dalle très malaisée en 6b, suivie d'un surplomb du même niveau, ça cueille à froid (et ce jour-là il faisait froid!). Encore un pas retord au départ de L3 (6c), mais tout cela est bien assuré et la voie est accessible à un niveau 6a en tirant à quelques dégaines. Après la vire, on entre dans les grès blancs et sculptés, d'abord avec une jolie cheminée/goulotte où Thierry a l'air de s'amuser...






Catherine sur un relais confortable d'où l'on peut admirer les formes géniales du grès des falaises Soubeyrannes...











Longueur suivante: du délire!

Mais quand même une inquiétude devant le dévers qui nous domine...








Comme on pouvait s'y attendre, il y a un point de faiblesse dans le toit, un surplomb alvéolé en nid d'abeilles, une écaille si grosse que l'on peut s'y assoir, puis on entre dans les galets...








...et là, on saisit de bonnes patates pour retraverser au-dessus du dévers. C'est Riglos avec vue sur la mer! En plus, le 6c est plutôt généreux, on se régale.
Suivent encore deux courtes longueurs sur galets pour finir cette voie, une des plus jolies que l'on ait faites à Canaille.












Quand on aime, on y retourne... Deux jours plus tard, nous ferons une combinaison de "Galéjade", encore une toute belle en 7a mais à peine 6b obligé, dont les trois premières longueurs échauffent bien, avec la nouvelle voie qui se glisse entre Galéjade et "la loi". Celle-ci propose entre autres une magnifique longueur de 45 mètres dans un dièdre de grès ocre en 6b+ (photo), ainsi que trois superbes longueurs de galets, dont une de 7a+ avec - rare ici - un 6c+ obligatoire.

Il nous encore pas mal de découvertes à faire dans ces falaises, notamment la belle et facile "deux vauriens..." et quelques itinéraires au moins aussi beaux: "question d'angle", la plus belle paraît-il, ouverte en 2011, Canaille bis, ainsi que la désormais incontournable "bleu comme la mer rouge" dans les plus difficiles.

Vivement les prochaines vacances au soleil des Calanques!

1 commentaire:

  1. Belle description et belles photos, ça donne envie d'y aller. Je comprends mieux pourquoi vous n'êtes pas venus dans la Jonte, nous n'avions pas les mêmes conditions météo...
    Manu

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