dimanche 2 mars 2014

Antalya

  
Au retour d'un court séjour de grimpe à Antalaya l'hiver dernier, je n'étais pas entré dans les détails sur l'escalade: cinq jours passés au ras du nuage m'avaient privé de photos pour illustrer un article qui donne envie de découvrir le site. J'avais déjà fait cette présentation en 2006 et 2007 mais ces reportages sont tombés dans les oubliettes du skyblog de l'époque. Le séjour de rêve de la semaine dernière me donne l'occasion de reprendre à zéro pour les lecteurs de grimpasl91.





 Comme vous avez pu le constater sur l'image, Antalya, dans le Sud de la Turquie, c'est la montagne à la mer. Genre côte d'Azur en plus beau. Ici la montagne tombe vraiment dans la Méditerrannée, avec la station de ski d'Olympos dont le sommet à 2300 mètres ne se trouve qu'à 10 kms à vol d'oiseau des plages de Kemer.
Le site d'escalade de Geyik Bayiri ne se trouve qu'à 15 kms du centre de cette ville de 1 200 000 habitants, et pourtant c'est la pleine cambrousse! Dépaysement garanti dès que l'on tourne le coin du dernier immeuble, car on passe sans transition de l'urbanité totale à la Turquie le plus rurale et traditionnelle.

Pour accéder aux voies:

1/ Prendre à gauche puis tout droit au pied d'un immeuble


2/ Suivre les indications pour ne pas se tromper de route


3/ Quand le bois a remplacé le béton et qu'on parle allemand, c'est là!


Pour loger, vous pouvez choisir l'hôtel, une bonne @dresse où le propiétaire et ses frères jumeaux vous accueillent à bras ouverts et vous font des tas de bizes!



Comme l'an passé, nous commençons le séjour au secteur Barbarossa, idéal pour l'échauffement. Surpeuplé au début mars de l'année passée, nous y sommes presque seuls cette année malgré un temps radieux...
Le secteur se situe dans la première partie de la barre de 2 kms de la falaise de Geyik, juste au-dessus des bungalows de Peak Gusethouse, confortables, conviviaux et où l'on mange très bien d'après les grimpeurs rencontrés. On peut dire que l'on est à pied d'oeuvre si l'on prend cette option!


La voie rouge est la plus facile du secteur et lui donne son nom. Le 5c de Barbarossa a la particularité de rentrer dans un tunnel et ressortir par la fenêtre pour y trouver la chaîne. Le tracé vert est celui d'une voie récente de Michel Piola, un superbe 6a d'une trentaine de mètres baptisé par d'autres "merci Michel", ce qui veut tout dire. La suite logique est d'enchaîner avec sa voisine de droite (mauve), un 6b sympa dont la cotation est pour une fois généreuse. A propos des cotations: celles-ci sont données sur le topo avec le système allemand (de V à XI) dans la liste des voies et une équivalence en français sur le dessin; sauf que cette équivalence est plutôt vacharde! Sauf pour cette voie sans nom (n°14 page 78 du topo).
Dans une logique de progression, on peut s'essayer ensuite à "Mustapha et les mustaphettes", 6c dans lequel est engagé le grimpeur sur la photo (bleue).
Sinon, on peut se déplacer de quelques mètres à droite au secteur Alaaddin. Dans cette plaque  (cadre noir), on a le choix entre six voies de 6a à 6b+. Nous nous sommes arrêtés ce jour-là  à la dernière-née à droite, "Wild child", dont la cotation de VII+ est la même que la précédente. Mais là, rien à voir: sur 10 mètres c'est très soutenu sur prises crochetantes mais petites dans un mur au-delà de la verticale... C'est superbe et technique, mais pour un grimpeur de 6b, ce sera un bel objectif de fin de séjour!
Si comme nous vos pieds gonflent dans les chassons dès midi, il faut alors marcher 300m vers l'Est où le secteur "Echoes" passe à l'ombre à la mi-journée. Il n'y a pas beaucoup de voies pour l'instant, mais on peut conseiller sur la droite "Echoes of the Hymalaya", un 6a+ de près de 40m et 14 dégaines, ou sa voisine "Echoes of the Andes", 7a, toute une aventure en diagonale dans du rocher rouge. Au-dessus d'une sympathique petite terrasse herbeuse pour le pique-nique, il y a un secteur de colos avec des voies courtes et intenses. Pas mal, mais il y a mieux ailleurs...


Après avoir refait le plein d'eau à la fontaine, nous remontons finir la journée dans le nouveau secteur Pasa, attirant sur le topo mais qui l'est beaucoup moins vu de la route. Si effectivement les quatre voies courtes qui bordent le grand pilier ont l'air misérables, les deux itinéraires de 35 et 37 mètres sur celui-ci valent le déplacement. Sur l'image, Cathie est dans la partie moins raide mais déstabilisante de "Babouche Pasa", 6c, la suite étant plus raide et classique. Sa voisine de droite, "Skin hell", donnée avec la même cotation, sera bien plus difficile et exigera une détermination inhabituelle dans ce degré... Alors ça suffira pour un premier jour!

Nous continuons ensuite le tour des nouveaux secteurs du topo que j'ai acquis l'an dernier. Ce matin, ce sera le grand mur rouge de Güzel Manzara avec ses voies de 40 mètres. Pas grand chose pour s'échauffer hélas: un joli 6b de 15 mètres (jaune) et la longue "Citywatch", 6b aussi (bleu). Pour trouver plus facile, il suffit de se déplacer vers les secteurs à droite ou à gauche, ils sont plutôt voués au 4c à 6a avec une bonne quinzaine de voies.



"Big Wallhalla" promet le paradis, mais ce n'est pas encore ça. C'est la ligne verte, première chaîne à 18m pour un 6a et deuxième au sommet, 6c plutôt facile. Ce qui n'est pas le cas de la première longueur de "Quantum" (6c+, rouge) avec un gros plat dur à tenir en pleine chaleur. C'est l'accès obligatoire à la merveille du secteur (enfin, le 7c+ et le 8b sont peut-être biens aussi!), "Auf nach Madagascar", fantastique envolée sur une ligne de trous dans du dévers irrégulier(mauve). L'enchaînement des deux longueurs peut se faire en une seule tirée avec une 80 et 20 dégaines, un formidable voyage. 
Pour la seconde partie de la journée, nous retournerons dans un de nos secteurs préférés: Dragon, la partie droite de la grande falaise sur l'image ci-dessous. Là, je trouve que tout est à faire et comme il nous en reste trois ou quatre qui ont échappé aux précédents séjours...


Dans ce secteur Dragon, il y a deux beaux 6a et 6a+ et surtout deux 6c longs et mémorables. Dans le 7, les voies sont aussi belles que variées, avec des murs:dalles picotants et de longues colos.

Le lendemain c'est le jour que me consacre Catherine pour grimper à ma falaise préférée, Trebenna. Uniquement constituée de grottes et de piliers entremêlés sous la voûte, c'est un super terrain de jeu  soit pour jouer aux cow-boys et aux indiens, soit pour batailler dans de longs dévers concrétionnés. Son avantage est son inconvénient: toujours à l'ombre!




 Mais auparavant il faudra concéder l'échauffement au soleil sur un des secteurs de Josito, le "camp des allemands".
Piètre concession quand on connaît les secteurs: vingt secondes d'approche pour des voies de 20 à 30 mètres sur un rocher irréprochable!
Il restait un secteur pas encore visité: la partie droite de Turkish Standard. Le lever matinal nous a permis d'en profiter avant que l'arrivée de plusieurs cordées ne nous pousse vers Trebenna. Les cinq voies faites ici sont toutes recommandables, à partir de 6a+. Ici aussi on trouve plus facile en se déplaçant de quelques dizaines de mètres à gauche.
Le 7a de la photo, "Sun express" est un bel exercice technique avec dans le crux un mono qui n'accepte que l'auriculaire.En photo, un fort grimpeur turc (ou un grimpeur fort comme un turc) qui commence sa journée par cette voie. A droite, un 7b nettement plus raide sur bi-doigts m'a fait y revenir le soir mais il a été occupé jusqu'à la nuit tombante. Tant mieux, il faut en garder pour l'hiver prochain!





Voilà une petite partie de la falaise très colorée de Trebenna:


 Dans ces délires de calcaire, chacun trouvera des voies à sa mesure à partir du cinquième degré. La voie que fait la demoiselle à droite est 5c jusqu'à la première chaîne, de même que le pilier sinueux à sa gauche.
Le garçon remonte la colo de "Freedom is a battle", 7a jusqu'à la chaîne à sa gauche (super, on a testé l'an dernier) et 8a+ en franchissant les dévers.



Vu sous un autre angle...


 Mumin Karabas se balade littéralement dans le 8a+ qu'il connait visiblement par coeur.



Cath dans le mur blanc de "Sucker punched," 7a+...



...puis dans la goulotte de Trebenna, 7a, la première voie ouverte ici. Tout en haut, le serpent d'"Anaconda", le 7c+ qui m'a bien rousté!

 Le jour suivant nous choisissons le secteur "Ottoman" pour l'échauffement car quelques nouveautés ont été posées par Mister Piola en 2011 et 2012.

 Ainsi nous commençons par les nouvelles "Sem's in ruhu", une voie de 36m plutôt 5 que le 6a annoncé et sa vosine "Beyaz Gelin", 6b, 40 mètres pile. Puis on coche la dernière née, "action type", superbe 6c en dalle raide, 40m aussi, et la plus ancienne "Es Sahaf", un peu plus dure mais plus courte. Comme tout ceci use rapidement la peau en plein soleil, nous précipitons l'heure du pique-nique pour continuer la journée dans des dévers à bonnes prises.


 Au passage, vue sur les belles colos du secteur Mevlana, pas mal abîmé par la fréquentation en seulement dix ans... Aujourd'hui, personne!


 
 Voilà un pique-nique assez convivial au pied de la falaise! Le thé est déjà prêt et les fameuses crêpes "gözleme" ne vont pas tarder.





 Si la description de l'escalade turque ne suffit pas à vous motiver pour un voyage, sachez que c'est aussi un spot pour que les grimpeuses du club en rapportent une série de pantalons seyants pour leurs sorties bellifontaines.
Bon, après passage entre les mains délicates des beautés locales, faut retourner au turbin. Chaque séjour ici se termine à Sarkit, le plus beau secteur, dont les couleurs s'enflamment au soleil déclinant. C'est donc la quatrième fois que nous nous gardons ce moment de plaisir pour clôturer un séjour riche de bien belles voies.


Mais il est encore trop tôt dans l'après-midi. Quelques instants à observer cette grimpeuse transpirer dans le 7B+ de "Push Bush" suffisent à me convaincre de commencer par une session à l'ombre.

Class, non?

 Nous nous dirigeons donc vers la grotte de Magara. C'est là qu'a commencé l'escalade à Geyik, quand Özttürk Kayici a équipé Nirvana, un 6b à l'intérieur de la grotte, un jour de pluie. Dix ans plus tard il ouvrait juste à côté "ten yars anniversary", en 7a, la voie que j'ai choisie car elle n'a que trois ans d'âge et doit être moins patinée que ses voisines. Tu parles! C'est aussi gras que "la  Martine"...  au Saussois. Bon, c'est rigolo, gymnique car très déversant, mais ça ne vaut pas les trois étoiles du topo. Le grimpeur sur la photo est dans le 6a de 15 mètres. Vous pouvez voir qu'il y a de magnifiques tufas de part et d'autre, toutes sont dans le 7 et ont largement contribué à la réputation du site.


 A gauche de ce fort beau secteur, il restait un mur de facture plus classique que nous n'avions pas visité. Cath y fera d'abord Siesta, une belle erreur de topo (un 6b+ qui vaut 7a) et nous faisons aussi "Crystal crack" car la ligne est trop attirante: c'est quasiment la seule fissure du site. Malheureusement, pour accéder aux 25 mètres de superbe dülfer en 5c, les ouvreurs ont taillé de mauvais bidoigts dans le mur d'accès, donc quelques mètres de 6b préfabriqué. Quitte à tailler (ce que je ne peux justifier), autant le faire homogène!


A droite de ces voies, il y a deux nouvelles absentes du topo, un 6c, "fiesta" et une autre plus facile sur rings.

Voilà, il est l'heure d'aller finir le séjour dans les tufas de Sarkit, dont voici un aperçu:


 Ma corde pend du relais intermédiaire de "Colonist", déjà un beau morceau de 6c+ athlétique. Il faisait un peu trop chaud pour la suite, "Drop city", le 8c de référence à Geyik. Bah, on a encore le temps!
A gauche du trou, c'est Lu, 18m, 6b seulement, mais du même niveau que  Remember Wadi Rum, pour ceux qui connaissent.



A droite, le voisin sembla aussi se régaler, alors que les slack-liners se baladent sur un fil de près de 100m de longueur.

 

Et voilà, clap de fin  sur un séjour de rêve grâce à une météo exceptionnelle. Les doigts roses et les chevilles ensanglantées, il est temps de reposer un peu la machine si on veut faire durer les vieux moteurs.
J'espère vous avoir donné envie de découvrir à votre tour la magie du lieu...

Pascal

1 commentaire:

  1. pfffff ! Faudrait rajeunir de 10/20ans pour grimper dans ttes ces falaises, Sicile, Kalymnos, la Turquie que choisir ? Bouddhiste et se réincarner en lézard... très beau reportage. Manu

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