J’avais
d’abord décidé de ne pas faire de discours, mais à la réflexion, les 50 ans de
notre section m’ont semblés une étape suffisamment importante dans notre vie commune
pour ne pas rompre une tradition bien établie qui me voit me saisir de la
moindre occasion pour prononcer quelques mots à l’usage des générations
futures.
Et puis j’ai reçu tant de sollicitations amicales de
toutes les filles de la section me suppliant de ne pas déroger à la tradition
que j’ai fini par céder, et ce d’autant plus que certaines m’ont même promis
d’être très gentilles avec moi si je cédais à leur désir. Je suis moi-même prêt
à être aussi très gentil avec elles et je leur communiquerais en temps voulu
les dates et les lieux de nos futures rencontres. Pour Nathalie qui fût une des
plus pressantes, et dont j’ai bien senti qu’elle ne pourrait pas attendre très
longtemps, ce sera lundi soir vers 21h à l’hôtel Crillon, suite 2358.
Mais revenons
à l’objet de la soirée. 50 ans ce n’est pas rien, il suffit d’ailleurs de voir
les ravages que le temps qui passe à infligé à certains pour s’en rendre
compte, et c’est donc le bon moment pour faire un bilan, mesurer le travail
accompli et s’interroger sur l’avenir.
Je ne vais pas
retracer l’histoire de la section, cela a été excellemment fait par Noël et je
renvoie à notre blog ceux qui ne l’auraient pas encore lue, en vous rappelant à
tous que faire partie de la section ce n’est pas d’abord un droit, mais surtout
un devoir et une grande responsabilité. Il faut évidemment avoir ses papiers en
règle, parler français, connaître son histoire (une interrogation écrite sera
organisée prochainement pour vérifier ce point important), réciter par cœur les
statuts de la FSGT, prêter serment et être capable de chanter juste nos hymnes
sectionnaux (y compris le curé de Camaret) et bien entendu être présent à
l’heure à l’apéro. Quant aux filles, il est préférable qu’elles aiment aussi
les Bounty. Pour ceux qui n’auraient pas compris cette dernière condition,
outre que cela signale qu’ils ont encore du chemin à faire pour être des
adhérents de plein droit, ils doivent demander à Martine Rosz les explications
nécessaires.
Mais j’avais
parlé de bilan et d’avenir et c’est sur ces deux points que j’aimerais
consacrer les 50 prochaines minutes.
En tant
qu’adhérent le plus ancien de la section (si, si, j’en vois certains qui
ouvrent grands leurs yeux, mais je dois à la vérité de dire que la plupart de ceux
qui paraissent beaucoup plus vieux que moi sont en fait beaucoup plus jeunes),
je suis bien placé pour pouvoir regarder rétrospectivement d’un œil critique ce
que nous avons accompli et dont je porte une part de responsabilité. Et pour
préparer l’avenir, sans doute vaut-il mieux mettre l’accent sur nos échecs pour
pouvoir les dépasser plutôt que sur nos réussites, la plus grande d’entre elles
étant d’être encore présents ce soir tous
ensemble.
Et notre plus
grand échec c’est à mon avis la faillite de notre tâche éducative, nous qui
n’avons pas su donner à nos propres enfants le goût de l’alpinisme ou de
l’escalade. Ni Noël, ni Stéphane, ni Gilbert, ni Luc, ni Patrick, ni Alain, ni
Antoine, ni Pepito n’ont su faire de leurs enfants de futurs dinos. Quant à
Hervé, il n’a même pas été fichu de faire un môme. Et pour ma part, alors que
je n’ai pas lésiné sur le nombre d’heures que mes filles ont passées à Bleau,
non seulement je n’ai pas fait mieux, mais en plus elles ne boivent pas d’apéro.
Seul Bruno chinois peut se vanter (ce dont, connaissant son esprit mesquin de
petit inspecteur, je ne doute pas) d’une demie réussite avec Tara, la troisième
de sa couvée. Bien entendu je ne compte pas Alexis, car son père est un
professionnel, c’est trop facile. Devant l’échec cuisant d’une éducation
pourtant scientifiquement pensée, et même si la présence ici ce soir de ces
enfants rétifs est la preuve que nous aurions pu réussir, il faut prendre des
mesures, j’oserais dire qu’il faut des réformes structurelles dans notre
organisation, au moment où une nouvelle génération pourrait prendre la relève.
Voici donc les propositions
que je soumettrais à votre approbation lors de la prochaine assemblée générale
extraordinaire que je demande au bureau de convoquer au plus vite devant
l’urgence de la situation. Celles-ci sont au nombre de trois.
La première est essentielle
pour le moyen terme, c’est à dire pour la pérennité de notre club dans 20 ans.
Il faut que les mâles sains
de corps et d’esprit, en particulier tous les dinos à l’exception d’un seul que
je ne nommerais pas ici mais que chacun reconnaîtra parce que c’est le seul qui
n’a pas été capable de se reproduire, donnent de leur personne pour fertiliser
les femelles du club encore en âge de procréer pour que de jeunes pousses
puissent former un bureau dans une vingtaine d’années quand les lémuriens
actuels seront grabataires. Pour ma part je commencerais dès lundi prochain
vers 21h à l’hôtel Crillon, suite 2358.
La seconde concerne le plus
long terme. Il faut créer les conditions pour que de nouvelles femelles aussi
canons que celles d’aujourd’hui (et même plus si c’est possible) adhèrent à la
section le plus vite possible pour à leur tour fonder une descendance
grimpante. Ceci suppose bien entendu de constituer dès aujourd’hui des stocks
de Bounty et je propose de nommer Catherine Guegen responsable de cet
approvisionnement (ce qui ne la dispense évidemment pas de la tâche n°1). Cela
suppose aussi de tester les capacités reproductives des mâles concernés et leur
solidité morale et psychologique. Je propose donc de nommer Pascale Martin,
éminente psychologue, moitié dino, moitié lémurienne, responsable de cette
partie de la réforme.
La troisième enfin est
urgentissime car elle vise à ne pas perdre la génération des jeunes d’aujourd’hui
comme nous avons hélas perdu les jeunes d’hier. Il est clair que nous ne
pouvons pas laisser le soin de leur éducation à leurs parents seuls. Il s’agit
donc de former un collectif responsable de la formation des jeunes, placé sous
la responsabilité d’un président, lui-même responsable devant le bureau. Ce
collectif aura la charge de mettre au point un programme de formation, à
définir chaque trimestre et à discuter en assemblée générale, mais dont la
sensibilisation à la dégustation d’alcools divers sera l’un des points
incontournables. Bien entendu, les jeunes
seront retirés immédiatement de l’ambiance délétère de leurs familles et
résideront dans un bâtiment spécialement aménagé sous la surveillance de deux
membres du collectif éducatif (qui ne pourra en aucun cas compter Bruno chinois
parmi ses membres). Il va aussi de soi qu’ils devront quitter l’école sans plus
attendre, l’enseignement étant pris en charge par les membres de la section
ayant des diplômes suffisants sous la responsabilité de Catherine Carré qui
sera prochainement à la retraite et n’aura donc pas grand chose d’autre à
faire. Je propose aussi que chaque jeune soit suivi plus spécifiquement par un
tuteur et je vous suggère de m’accorder la tutelle d’Alexane, qui a bien besoin
d’un environnement plus stimulant. A ce propos, vous pourrez l’appeler
désormais Gertrude qui est le prénom qu’elle aurait du avoir si ses parents
avaient respecté les consignes qui leur avaient été données à sa naissance.
Enfin, je compte aussi m’occuper sérieusement de l’éducation de mon dixième
petit enfant, Jean-Mouloud, qui doit naître en janvier afin de tenter de me
racheter de l’échec éducatif que j’ai connu avec mes propres enfants.
Si ces réformes
structurelles sont mises en place suffisamment rapidement, c’est à dire dans
les semaines qui suivent, nous pouvons espérer pouvoir fêter avec succès notre
centième anniversaire. En attendant, profitons bien de ce cinquantième.
Gilles
PS La soirée de lundi au Crillon s'est très bien passée.
il fallait bien qu'au bénéfice de l'âge, la jeune garde (je parle de moi, mais ne rechigne pas à y inclure Pépito, Jean-Luc ou Philippe, ce dernier ayant de toute façon habitude de s'inviter) s'incline et respecte les ardeurs dévoilées de l'auteur de ce discours, qualifions le, ce discours, d'ouverture plutôt que d'introduction.
RépondreSupprimertoutefois, j'ai pu recevoir hier soir, et bien avant l'ivresse que me procurèrent les nombreux verres de beaujolais village, témoignage de la principale intéressée de ce discours, que la suite 2358 du Crillon, lundi soir dernier, est restée désespérément close, en dépit de promesses proférées devant plus d'une centaine de personnes impatientes d'assister au strip-tease qui constituait le clou du spectacle de notre anniversaire associatif !
bref, Gilles, merci la prochaine fois, de faire, même si ce n'est pas ta spécialité, montre d'un peu plus de modestie, et de nous avertir, nous eussions été aptes à accepter et comprendre une faiblesse de dernière minute imputable d'ailleurs à tant d'autres choses que l'âge (même si nul n'est dupe), afin que l'esprit collectif cher à cette section, s'organise et puisse dispenser notre chère amie grimpeuse, de demeurer seule devant la porte 2358.
je te remercie
J'avoue ne pas comprendre. Le lundi en question j'étais bien dans la suite 2358 avec une fille qui a presque failli m'épuiser. Nous étions dans le noir et je croyais que c'était Nathalie. Je suis déçu d'apprendre que ce n'était pas elle même si sa remplaçante ne m'a pas laissé indifférent. Ce n'est que partie remise!
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