mercredi 19 novembre 2014

Discours de circonstance pour les 50 ans de la section



         J’avais d’abord décidé de ne pas faire de discours, mais à la réflexion, les 50 ans de notre section m’ont semblés une étape suffisamment importante dans notre vie commune pour ne pas rompre une tradition bien établie qui me voit me saisir de la moindre occasion pour prononcer quelques mots à l’usage des générations futures.

Et puis j’ai reçu tant de sollicitations amicales de toutes les filles de la section me suppliant de ne pas déroger à la tradition que j’ai fini par céder, et ce d’autant plus que certaines m’ont même promis d’être très gentilles avec moi si je cédais à leur désir. Je suis moi-même prêt à être aussi très gentil avec elles et je leur communiquerais en temps voulu les dates et les lieux de nos futures rencontres. Pour Nathalie qui fût une des plus pressantes, et dont j’ai bien senti qu’elle ne pourrait pas attendre très longtemps, ce sera lundi soir vers 21h à l’hôtel Crillon, suite 2358.

Mais revenons à l’objet de la soirée. 50 ans ce n’est pas rien, il suffit d’ailleurs de voir les ravages que le temps qui passe à infligé à certains pour s’en rendre compte, et c’est donc le bon moment pour faire un bilan, mesurer le travail accompli et s’interroger sur l’avenir.
Je ne vais pas retracer l’histoire de la section, cela a été excellemment fait par Noël et je renvoie à notre blog ceux qui ne l’auraient pas encore lue, en vous rappelant à tous que faire partie de la section ce n’est pas d’abord un droit, mais surtout un devoir et une grande responsabilité. Il faut évidemment avoir ses papiers en règle, parler français, connaître son histoire (une interrogation écrite sera organisée prochainement pour vérifier ce point important), réciter par cœur les statuts de la FSGT, prêter serment et être capable de chanter juste nos hymnes sectionnaux (y compris le curé de Camaret) et bien entendu être présent à l’heure à l’apéro. Quant aux filles, il est préférable qu’elles aiment aussi les Bounty. Pour ceux qui n’auraient pas compris cette dernière condition, outre que cela signale qu’ils ont encore du chemin à faire pour être des adhérents de plein droit, ils doivent demander à Martine Rosz les explications nécessaires.
Mais j’avais parlé de bilan et d’avenir et c’est sur ces deux points que j’aimerais consacrer les 50 prochaines minutes.
En tant qu’adhérent le plus ancien de la section (si, si, j’en vois certains qui ouvrent grands leurs yeux, mais je dois à la vérité de dire que la plupart de ceux qui paraissent beaucoup plus vieux que moi sont en fait beaucoup plus jeunes), je suis bien placé pour pouvoir regarder rétrospectivement d’un œil critique ce que nous avons accompli et dont je porte une part de responsabilité. Et pour préparer l’avenir, sans doute vaut-il mieux mettre l’accent sur nos échecs pour pouvoir les dépasser plutôt que sur nos réussites, la plus grande d’entre elles étant d’être encore présents ce soir tous  ensemble.
Et notre plus grand échec c’est à mon avis la faillite de notre tâche éducative, nous qui n’avons pas su donner à nos propres enfants le goût de l’alpinisme ou de l’escalade. Ni Noël, ni Stéphane, ni Gilbert, ni Luc, ni Patrick, ni Alain, ni Antoine, ni Pepito n’ont su faire de leurs enfants de futurs dinos. Quant à Hervé, il n’a même pas été fichu de faire un môme. Et pour ma part, alors que je n’ai pas lésiné sur le nombre d’heures que mes filles ont passées à Bleau, non seulement je n’ai pas fait mieux, mais en plus elles ne boivent pas d’apéro. Seul Bruno chinois peut se vanter (ce dont, connaissant son esprit mesquin de petit inspecteur, je ne doute pas) d’une demie réussite avec Tara, la troisième de sa couvée. Bien entendu je ne compte pas Alexis, car son père est un professionnel, c’est trop facile. Devant l’échec cuisant d’une éducation pourtant scientifiquement pensée, et même si la présence ici ce soir de ces enfants rétifs est la preuve que nous aurions pu réussir, il faut prendre des mesures, j’oserais dire qu’il faut des réformes structurelles dans notre organisation, au moment où une nouvelle génération pourrait prendre la relève.
Voici donc les propositions que je soumettrais à votre approbation lors de la prochaine assemblée générale extraordinaire que je demande au bureau de convoquer au plus vite devant l’urgence de la situation. Celles-ci sont au nombre de trois.
La première est essentielle pour le moyen terme, c’est à dire pour la pérennité de notre club dans 20 ans.
Il faut que les mâles sains de corps et d’esprit, en particulier tous les dinos à l’exception d’un seul que je ne nommerais pas ici mais que chacun reconnaîtra parce que c’est le seul qui n’a pas été capable de se reproduire, donnent de leur personne pour fertiliser les femelles du club encore en âge de procréer pour que de jeunes pousses puissent former un bureau dans une vingtaine d’années quand les lémuriens actuels seront grabataires. Pour ma part je commencerais dès lundi prochain vers 21h à l’hôtel Crillon, suite 2358.
La seconde concerne le plus long terme. Il faut créer les conditions pour que de nouvelles femelles aussi canons que celles d’aujourd’hui (et même plus si c’est possible) adhèrent à la section le plus vite possible pour à leur tour fonder une descendance grimpante. Ceci suppose bien entendu de constituer dès aujourd’hui des stocks de Bounty et je propose de nommer Catherine Guegen responsable de cet approvisionnement (ce qui ne la dispense évidemment pas de la tâche n°1). Cela suppose aussi de tester les capacités reproductives des mâles concernés et leur solidité morale et psychologique. Je propose donc de nommer Pascale Martin, éminente psychologue, moitié dino, moitié lémurienne, responsable de cette partie de la réforme.
La troisième enfin est urgentissime car elle vise à ne pas perdre la génération des jeunes d’aujourd’hui comme nous avons hélas perdu les jeunes d’hier. Il est clair que nous ne pouvons pas laisser le soin de leur éducation à leurs parents seuls. Il s’agit donc de former un collectif responsable de la formation des jeunes, placé sous la responsabilité d’un président, lui-même responsable devant le bureau. Ce collectif aura la charge de mettre au point un programme de formation, à définir chaque trimestre et à discuter en assemblée générale, mais dont la sensibilisation à la dégustation d’alcools divers sera l’un des points incontournables. Bien entendu, les jeunes seront retirés immédiatement de l’ambiance délétère de leurs familles et résideront dans un bâtiment spécialement aménagé sous la surveillance de deux membres du collectif éducatif (qui ne pourra en aucun cas compter Bruno chinois parmi ses membres). Il va aussi de soi qu’ils devront quitter l’école sans plus attendre, l’enseignement étant pris en charge par les membres de la section ayant des diplômes suffisants sous la responsabilité de Catherine Carré qui sera prochainement à la retraite et n’aura donc pas grand chose d’autre à faire. Je propose aussi que chaque jeune soit suivi plus spécifiquement par un tuteur et je vous suggère de m’accorder la tutelle d’Alexane, qui a bien besoin d’un environnement plus stimulant. A ce propos, vous pourrez l’appeler désormais Gertrude qui est le prénom qu’elle aurait du avoir si ses parents avaient respecté les consignes qui leur avaient été données à sa naissance. Enfin, je compte aussi m’occuper sérieusement de l’éducation de mon dixième petit enfant, Jean-Mouloud, qui doit naître en janvier afin de tenter de me racheter de l’échec éducatif que j’ai connu avec mes propres enfants.
Si ces réformes structurelles sont mises en place suffisamment rapidement, c’est à dire dans les semaines qui suivent, nous pouvons espérer pouvoir fêter avec succès notre centième anniversaire. En attendant, profitons bien de ce cinquantième.

Gilles

PS La soirée de lundi au Crillon s'est très bien passée.

2 commentaires:

  1. il fallait bien qu'au bénéfice de l'âge, la jeune garde (je parle de moi, mais ne rechigne pas à y inclure Pépito, Jean-Luc ou Philippe, ce dernier ayant de toute façon habitude de s'inviter) s'incline et respecte les ardeurs dévoilées de l'auteur de ce discours, qualifions le, ce discours, d'ouverture plutôt que d'introduction.
    toutefois, j'ai pu recevoir hier soir, et bien avant l'ivresse que me procurèrent les nombreux verres de beaujolais village, témoignage de la principale intéressée de ce discours, que la suite 2358 du Crillon, lundi soir dernier, est restée désespérément close, en dépit de promesses proférées devant plus d'une centaine de personnes impatientes d'assister au strip-tease qui constituait le clou du spectacle de notre anniversaire associatif !
    bref, Gilles, merci la prochaine fois, de faire, même si ce n'est pas ta spécialité, montre d'un peu plus de modestie, et de nous avertir, nous eussions été aptes à accepter et comprendre une faiblesse de dernière minute imputable d'ailleurs à tant d'autres choses que l'âge (même si nul n'est dupe), afin que l'esprit collectif cher à cette section, s'organise et puisse dispenser notre chère amie grimpeuse, de demeurer seule devant la porte 2358.
    je te remercie

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. J'avoue ne pas comprendre. Le lundi en question j'étais bien dans la suite 2358 avec une fille qui a presque failli m'épuiser. Nous étions dans le noir et je croyais que c'était Nathalie. Je suis déçu d'apprendre que ce n'était pas elle même si sa remplaçante ne m'a pas laissé indifférent. Ce n'est que partie remise!

      Supprimer

Pour laisser un commentaire sur les messages sans être connecté au blog, quand le commentaire est rempli à la rubrique " sélectionner le profil ", choisir "nom/URL" et mettre une identité (pseudo, prénom, etc.) à "Nom" et pour l'URL copiez simplement l'adresse du blog : http://grimpeasl91.blogspot.fr
Ensuite apparait le fameux "captcha", certes pénible mais devenu incontournable sur internet et enfin publier le commentaire.
Si problème envoyer un courriel à : asl91escalade.fr
L'administrateur